Du nouveau sur le mystère du naufrage de La Jonque

Le Redoutable, sous-marin de même gamme que Le Tonnant.
Le Redoutable, sous-marin de même gamme que Le Tonnant.

Quiconque lit Le Peuple breton depuis longtemps a forcément entendu parler de « La Jonque », navire de pêche coulé en 1987. A l’instar du Bugaled Breizh, le doute a toujours été permis sur la responsabilité de l’armée dans ce naufrage. Or, justement, Le Télégramme du jour. sous la signature de Pascal Bodéré qui est sans aucun doute le journaliste qui a le mieux couvert l’affaire du Bugaled Breizh, fait paraître un témoignage, anonyme – et comment pourrait-il en être autrement tant que ce témoignage reste isolé ? – d’un sous-marinier sur les circonstances dans lesquelles le chalutier La Jonque aurait été coulé.

Le Peuple Breton a à plusieurs reprises fait écho aux doutes des familles concernant ces deux naufrages. Celles-ci remettent en cause la théorie selon laquelle le passage par le fond ne serait pas dû à une croche sur un fond meuble, ni à la collision avec un cargo voyou.

Restons-en au stade des hypothèses. Nous avons déjà souligné des similitudes plus que troublantes dans les deux naufrages : la mise en cause d’un cargo voyou, la découverte d’un dinghy surnuméraire, le repérage de possibles survivants, l’effacement « accidentel » d’enregistrement au niveau des stations de sauvetage : on n’ose dire que c’était une façon de mener le bon peuple en bateau…

Un sous-marinier vient de parler. Cela correspond à ce que les personnes les plus concernées ont toujours dit : un équipage entier ne peut se taire éternellement. Voilà quelqu’un qui a une conscience et ce serait grave de l’accabler alors qu’il a le courage de parler – même hélas sous couvert de l’anonymat – alors que tant d’autres se taisent : ce témoin est quelqu’un de courageux et son témoignage doit inciter d’autres bouches à s’ouvrir. .

Maintenant, pour en rester aux hypothèses, et après avoir relevé les similitudes, observons les différences. Le Bugaled est entraîné par le fond assez rapidement pour provoquer un enfoncement des deux côtés de la coque, la Jonque n’est enfoncée que d’un côté. Concernant La Jonque, il y a un sous-marin qui plonge et fait surface. Pour Bugaled, une submersion brutale du bateau de pêche, c’est à dire un sous-marin pris dans le chalut, sans choc coque à coque, tandis que La Jonque montrait des traces d’une collision proche de la surface (mais désormais, comme on a pu le penser depuis 30 ans, provoquée par une remontée brutale d’un sous-marin) ? On n’ose y croire : cela signifierait que deux naufragés ont bien été vus sur un dinghy et qu’ils devenaient des témoins gênants d’un acte de voyous des mers…

Encore une fois, ceci n’est qu’une hypothèse, mais les suppositions jugées aventuristes se sont suffisamment vérifiées au cours des dernières années pour qu’on se méfie. 30 années plus tard, doit-on se résigner à ce que place soit laissée au doute ?

> Paul Guéguéniat

Contributeur. Professeur à la retraite, originaire de Brest, Paul Guéguéniat vit à Sant-Ivi / Saint-Yvi, dans le pays de l'Aven, une commune pour laquelle il s'est impliqué pendant 30 ans en tant que conseiller municipal ou adjoint au maire. [Lire ses articles]