C’est en lien avec la fête nationale galloise du 1er mars que Ti Ar Vro Kemper et le comité de jumelage de Plogonnec avaient invité, le samedi 4 mars après-midi, Cynog Dafis pour donner une conférence. Ancien député, Cynog Dafis a siégé de 1992 à 2000 à la Chambre des communes de Londres, puis il fut, dès 1999, un membre actif de l’Assemblée nationale du pays de Galles nouvellement créée, ce qui l’avait amené à l’époque à démissionner de la Chambre des communes.
Cynog Dafis était convié à Quimper pour parler de la situation politique de son pays et plus particulièrement en ces temps de Brexit, une conférence qui a attirée environ 80 personnes. Pour bien comprendre la situation, il était d’abord nécessaire de reprendre le contexte historique ayant conduit à la situation actuelle : le Pays de Galles possède un gouvernement semi-autonome, et ses racines remontent au XIXème siècle. L’hymne national gallois Hen Wlad Fy Nhadau date, lui, de 1856 (à noter au passage que son homologue breton, le bro gozh ma zadoù, fut écrit sur le même air 40 ans plus tard par Taldir Jaffrenou).
L’introduction du scrutin à bulletins secrets permit d’abord le rejet du torysme (les conservateurs) mais la 1ère guerre mondiale mit fin à un projet de loi autonome. Le Plaid Cymru prit fait et cause en 1925 pour une autonomie de gouvernement, mais là encore, la Grande dépression puis la 2ème Guerre mondiale mit de côté ce projet. En 1950, le Plaid Cymru lance une campagne pour un parlement gallois qui recueille 240 000 signatures, mais la chambre des Communes le bloque en 1955. Mais en 1964, le gouvernement travailliste créé un secrétariat d’État pour le pays de Galles qui acquiert progressivement des pouvoirs sur un large éventail politique. Arrivent alors les encourageantes percées électorales des années 60 et 70. Mais il s’en suit la période sombre de l’échec retentissant du référendum de 1979 qui met fin à un certain rêve de dévolution au pays de Galles (alors qu’il obtient une faible majorité en Écosse).
18 ans de pouvoir conservateur (de 1979 à 1997), mais surtout 11 ans (de 1979 à 1990) de pouvoir de la « Dame de fer », Margaret Thatcher, vont contribuer à faire évoluer les mentalités ! En 1997, Tony Blair propose un second projet de dévolution cette fois-ci adopté avec 50,3 %. Faible majorité certes, mais en 1979 le même référendum n’avait donné que 20,3 % de oui ! L’Assemblée nationale du pays de Galles est donc établie en 1999. Cependant, jusqu’en 2006, l’Assemblée ne dispose que d’un pouvoir réglementaire et doit demander au Parlement britannique des lois spécifiques pour le Pays de Galles. Enfin, en juillet 2006, le Parlement britannique adopte une loi permettant à l’Assemblée nationale galloise de :
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voter ses propres lois dans ses domaines de compétence ;
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demander le transfert de compétence pour de nouveaux secteurs ;
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organiser un référendum pour mettre en place un véritable pouvoir législatif semblable au statut écossais
Cela est entériné par un référendum en mars 2011 qui donne lieu cette fois à 63,50 % de oui.
Après ce tour d’horizon historique, Cynog Dafis en est venu à l’actualité récente et a donné son opinion sur les raisons qui ont fait voter majoritairement « oui » au Brexit au Pays de Galles et non en Écosse. La situation économique en est en partie responsable, mais il y aussi l’incidence de la position géographique de Pays de Galles : de nombreux Anglais y viennent en retraite et y votent avec pour conséquence de conforter le vote oui (un phénomène entre parenthèses bien connu en Bretagne où de nombreux Parisiens ou habitants des communes riches de la couronne parisienne ont des résidences secondaires).
Une tendance qui ne se rencontre pas en Écosse où les grandes métropoles (Edimbourg, Glasgow) sont assez éloignées de l’Angleterre où l’on ressent moins l’influence anglaise.
Cynog Dafis disait que cela avait aussi de l’importance sur les revendications respectives des Gallois et des Écossais. D’après lui, les Gallois aspirent plus majoritairement à une autonomie dans une Confédération avec l’Angleterre alors que les Écossais sont plus favorables à l’indépendance qu’à l’autonomie.
Depuis la conférence de Cynog Dafis, l’histoire s’est accélérée. Les députés britanniques ont voté ce 13 mars l’autorisation au gouvernement de déclencher le Brexit. Et pendant ce temps, la Première ministre nationaliste écossaise Nicola Sturgeon annonçait la relance du processus d’indépendance via un nouveau référendum. Le Brexit pourrait en changer la donne !