Après la présidentielle, quel gouvernement ?

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Les citoyens rabâchent qu’ils n’aiment pas la politique, mais commentent abondamment – comme toujours – la campagne présidentielle. Tous les 5 ans, c’est la même chose : on recherche un homme providentiel ! Sauf que cette année, la recomposition politique pose bien des questions et notamment celle de la majorité parlementaire à venir.

Dans les conditions actuelles de la Vème République, la présidentielle se joue non pas en deux, mais en quatre manches : deux tours pour la présidentielle et deux tours pour les législatives. Or, cette dernière étape, seuls les politiques aguerris y pensent. Pourtant, une fois élu, le ou la présidente devra bien constituer une majorité parlementaire.

Qu’on se le dise, à part François Fillon qui, malgré ses casseroles, est capable d’obtenir une majorité (les Républicains) suffisante pour constituer un gouvernement, aucun des autres candidats n’est en mesure d’y parvenir seul ! Ni Jean-Luc Mélenchon, isolé sur l’échiquier politique ; ni Benoît Hamon, lâché par les socio-démocrates sinon les socio-libéraux de son parti ; ni Emmanuel Macron dont le parti naissant est trop fragile pour faire élire, du jour au lendemain, une moitié d’hémicycle ; ni Marine Le Pen dont la popularité éclipse jusqu’au nom des candidats aux législatives. On comprend mieux, dès lors, le ralliement en cours à Emmanuel Macron qui, placé au centre de l’échiquier, imagine pouvoir former un gouvernement de bric et de broc avec des députés socio-démocrates, des libéraux, voire des conservateurs modérés ! François de Rugy a parfaitement compris ce manège, de même que François Bayrou, mais également de nombreux députés parmi lesquels de nombreux bretons : à Carhaix-Châteaulin Richard Ferrand (que l’on disait « Aubryiste »), à Pontivy Jean-Pierre Le Roch, à Lannion Corinne Erhel, à Rennes François André, peut-être aussi le lorientais Gwendal Rouillard qui n’en finit plus de retarder son soutien à sa propre famille politique. On est curieux de savoir ce sur quoi cet éventuel « gouvernement » pourra s’entendre au final ? Une véritable armée mexicaine en puissance…

Une choses est certaine : pour gouverner, il est nécessaire d’avoir une majorité. Et une majorité se construit sur la base des résultats aux législatives ce qui préfigure de la possibilité d’une cohabitation et en tout état de cause un casse-tête politique à l’Assemblée Nationale. De ce point de vue, Christian Troadec a certes cessé la course à la présidentielle, mais les fédéralistes de Oui la Bretagne, eux, se présentent également aux législatives. Pour y faire quoi ? Il est vrai que l’Histoire de la France est si jacobine que l’on attend pas des fédéralistes dans l’hémicycle. Pourtant, l’Union démocratique bretonne et ses partenaires de Régions et Peuples solidaires entendent gagner des sièges, suffisamment pour constituer un groupe parlementaire (15 députés). L’objectif est bien de constituer un bloc fédéraliste à l’Assemblée Nationale. Une ambition loin d’être irréalisable et qui pourrait rassembler des démocrates de tous les territoires, y compris des députés d’Outre-mer dont les points de vue sont proches. Voter pour les fédéralistes n’est donc pas inutile : il s’agit ni plus ni moins de renverser le dogme du centralisme omniprésent au Palais Bourbon ! S’il ne fallait qu’un argument de vote, cela pourrait bien être celui-là.

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]