20000 foyers bretons bientôt alimentés par des éoliennes flottantes

éoliennes flottantes

Les lorientais étaient invités hier à une discussion avec l’entreprise EOLFI ainsi qu’avec RTE sur la question des quatre éoliennes flottantes qui doivent être installées entre Groix et Belle-Ile d’ici 2020. Un format assez original dans lequel les citoyens pouvaient poser les questions qu’ils voulaient. Le Peuple breton s’est rendu à cette réunion d’information.

Aboutir à un projet d’éolienne prend du temps. Beaucoup de temps. En moyenne, il faut pratiquement 10 ans pour qu’un projet voit le jour. Le projet d’éoliennes flottantes s’inscrit, lui, dans une démarche de concertation initiée dès 2013. D’une puissance totale de 24 MW, pour un coût estimé à 200 millions d’euros, ces quatre éoliennes doivent d’abord passer un certain nombre d’étapes : les études environnementales, l’étude d’impact, les études techniques, les autorisations administratives et la construction. Si tout se passe bien, elles produiront de l’électricité pour environ 20000 foyers. « Le niveau de consommation laisse penser que l’énergie sera consommée localement », rassure le représentant de RTE à une question posée. Deux fuseaux sont envisagés pour acheminer l’énergie produite : l’un des fuseaux viserait le raccordement du parc éolien au poste électrique de Kerolay à Lorient. L’autre viserait à le raccorder au poste électrique de Kerhellegant, à Plouharnel. Aussi, on ne sait pas encore quelle population bénéficiera de cette électricité ! D’un côté, le poste de Kerolay qui est un peu plus éloigné et nécessiterait plus de câblage en mer, de l’autre le poste de Kerhellegant qui obligerait – du moins l’imagine-t-on – à couper la dune. Le choix doit être fait le 22 mars par le Préfet.

Eolfi est une entreprise parisienne, mais l’ensemble de la conception et de la maintenance se fera en Bretagne. La maintenance restera à Lorient, la construction et l’assemblage des pièces se feront à Brest et Saint Nazaire. On parle d’une centaine d’emplois à Brest pour la construction de ces éoliennes. Eolfi ne cache pas ses ambitions : « nous souhaitons bien sûr créer une filière industrielle. La zone validée par cette ferme-pilote l’a été en 2014 par le Préfet maritime, le Conseil régional de Bretagne et les instances de pêche, mais nous répondrons sûrement à d’autres appels d’offre à l’avenir ». En terme d’aspect paysager, la brochure démontre la quasi-invisibilité de ces éoliennes depuis Groix ou Belle-Ile. L’avantage de l’éolien flottant, c’est justement la possibilité de s’éloigner des côtes du fait des moindres contraintes de profondeur avec cette technologie.

Le projet est aujourd’hui (et jusqu’à mai) rentré dans la phase de participation du public donc les réunions vont continuer afin d’informer, mais aussi d’échanger avec les citoyens. « C’est vrai que c’est long, estime le représentant de RTE, mais il est logique de réaliser toutes les études auparavant. Ne pas le faire serait reproché ! » Une fois installée, l’exploitation de ces éoliennes flottantes est prévue pour 20 ans. Et à la différence du nucléaire, il ne sera pas compliqué de les démanteler et de les recycler…

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]