Les TER, dont la régionalisation de la gestion en 2002 a été saluée comme une réussite, sont-ils dans une mauvaise passe ? C’est en tout cas ce que suggère la Gazette des Communes. Subissant depuis 2012 une baisse de fréquentation sur l’ensemble du territoire français, ceux-ci – à en croire plusieurs analyses récentes – voient leur modèle économique remis en cause.
Comme pressenti à leur instauration, les « cars Macron », notamment les lignes de moins de cent kilomètres en concurrence avec les trajets existants des TER, expliquent la baisse de la fréquentation de ces derniers. Cependant que lors des débats parlementaires il avait été demandé des garde-fous afin que ces cars ne concurrencent pas les TER sur les courtes distances, dans les faits il n’en est rien. En effet, l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) les autorise quasiment toutes : sur les 96 saisines de l’Arafer, seules 8 liaisons ont été interdites. C’est ainsi que la liaison entre Rennes et Saint-Brieuc, dont le point de départ à Rennes a été éloigné du centre-ville afin que le trajet dépasse tout juste les cent kilomètres, a été autorisée.
Toutefois, ce n’est pas la seule raison : la baisse des coûts du carburant, la concurrence des nouvelles mobilités, notamment du covoiturage, la baisse de qualité du service ou la hausse des coûts de production de la SNCF sont autant d’autres raisons
De quoi inquiéter les conseils régionaux, qui financent à hauteur de 73 % les TER, soit 2,9 milliards d’euros, le reste étant couvert par la billetterie. Cela représente un quart des budgets régionaux.
Pour dégager de nouvelles marges de manœuvre financières face à ces coûts difficilement compressibles et éviter de voir ces dépenses peser davantage dans leurs budgets contraints par les baisses de dotations, les régions demandent à l’État de pouvoir fixer elles-mêmes les tarifs des TER. Mais pour ne pas avoir à passer par de nouvelles charges sur les contribuables ou les usagers, les régions estiment que des marges de performance sont à chercher du côté de la SNCF, dont les coûts de production des TER ont pratiquement doublé entre 2002 et 2014, et qui sont majoritairement à la charge des régions.
Un plan a ainsi été lancé par la SNCF alors que les régions ne sont plus prêtes à dépenser davantage pour moins de fréquentation. L’État doit donc se ressaisir s’il veut éviter un décrochage alarmant entre les régions et les TER.