La position des candidats à la présidentielle sur le nucléaire civil

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Au moment où les sondages disent tout et son contraire, où des candidats sont susceptibles d’être au 2ème tour sans que l’on sache s’ils ont un programme ou s’ils naviguent à vue, Le Peuple breton s’est posé la question de savoir quelle était la position des principaux candidats sur le nucléaire tant civil que militaire. Dans ce premier article, nous nous intéresserons au nucléaire civil.

François Fillon – cela ne surprendra guère – y est très favorable, comme son ex-adversaire à la primaire Alain Juppé. Dans un article du journal « Sud-Ouest » daté du 21 novembre 2016, on peut lire: « François Fillon et Alain Juppé souhaitent tous deux revenir sur la loi de transition énergétique adoptée en juillet (qui prévoit de réduire la part du nucléaire en France). Ils ne souhaitent pas non plus fermer la centrale de Fessenheim, sujette à de multiples polémiques en raison de son âge avancé. » Plus grave encore, François Fillon enfonce le clou : « François Fillon souhaite faire supprimer de la Constitution le « principe de précaution » qui prévaut lorsqu’un doute subsiste sur la dangerosité d’un élément ou d’un projet. »

De son côté, Benoît Hamon « est favorable à une sortie progressive du nucléaire pour privilégier la transition vers les énergies vertes et renouvelables. À l’instar des solutions portées par Negawatt, Benoît Hamon souhaite la fermeture des centrales nucléaires les plus à risque et arrivant en fin de vie. » (Le Monde 11 janvier). Comme on le verra ultérieurement, cette position claire est contrebalancée par sa position sur le désarmement nucléaire !

Emmanuel Macron a comme d’habitude des positions à géométrie variable en fonction de ses interlocuteurs. On peut lire par exemple dans Le Figaro du 9 février 2017 que « au sujet de la production électrique du pays, Emmanuel Macron entend garder le cap de la loi sur la transition énergétique qui prévoit une forte baisse de la part du nucléaire. « Il n’est pas bon d’avoir 75% » de l’électricité d’origine nucléaire, a-t-il jugé. Il n’a toutefois rien dit sur la fermeture de centrales, en plus de celle, prévue, de Fessenheim, évoquant plusieurs « incertitudes ». Afin de respecter l’objectif de 32 % d’énergies renouvelables en 2030 […] « Je lancerai des appels d’offres pour la production de 26.000 mégawatts en capacité, l’équivalent de six réacteurs », a-t-il assuré. Mais on peut lire par ailleurs que « Emmanuel Macron est aussi un chaud partisan du nucléaire. Il l’a dit le 31 juillet dernier, quand il était encore ministre de l’Économie. Pour lui, « le nucléaire est une industrie de souveraineté qui a fait ses preuves. Le renouvelable est une énergie d’avenir qui reste intermittente. Il faut développer la complémentarité entre ces deux ressources ». Il parlait du nucléaire comme d’une énergie d’après lui « sécurisée, bon marché et décarbonée ». (Journal du dimanche).

Il est logique de passer de Macron à François Bayrou, puisque ce dernier vient d’annoncer son soutien à Emmanuel Macron. Celui-ci disait en 2013 (mais ne semble pas avoir changé depuis) que la baisse de la part du nucléaire dans la production française d’électricité n’était pas crédible. « Je ne crois pas qu’il y ait un scénario crédible de remplacement de la part de l’énergie nucléaire par des énergies alternatives » dans la production électrique française. […] « Si le danger principal est l’augmentation de la production de gaz à effet de serre, c’est le nucléaire qui permet à la France d’être un des pays qui produit le moins de CO2 ». Le président du MoDem considère que « toute recherche qui ira dans le sens d’une production d’énergie non nucléaire est bienvenue », mais qu’« il n’y a pas de possibilité crédible de diminuer à ce point et aussi vite la part du nucléaire sans augmenter la production de gaz à effet de serre ». (Le Point. Déc. 2013)

La position de Jean-Luc Mélenchon est plus compliquée. C’était déjà le cas en 2012 où Sortir du nucléaire écrivait que « Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche est lui-même partisan de la sortie du nucléaire […] mais son évaluation s’est avérée plus difficile que pour les autres candidats, dans la mesure où le Front de Gauche réunit deux partis qui montrent de grandes différences culturelles sur l’environnement en général, et le nucléaire en particulier. » « Le Parti de Gauche a une position parfaitement claire sur la sortie du nucléaire, inspirée du scénario Négawatt […] En revanche, le Parti Communiste, en tant que soutien de longue date de tous les programmes atomiques, pose comme principe que le nucléaire n’est plus dangereux dès lors qu’il n’est plus capitaliste. Pierre Laurent, premier secrétaire du Parti Communiste, plaide pour “un nucléaire sécurisé, 100 % public, dans un mix énergétique rééquilibré. » (Sortir du Nucléaire 2012) Du coup, Jean-Luc Mélenchon se prononce pour un référendum sur le sujet.

Concernant Marine Le Pen, Le Peuple breton ne souhaite pas s’appesantir sur ses positions et se contente de relever cette phrase :  « Je le dis tout de suite : nous ne comptons pas abandonner le nucléaire, au contraire. »

Quid des « petits candidats » comme il est coutume de les appeler ?

La position de Yannick Jadot est celle d’EELV. Donc sa position anti- nucléaire va de soi.

Le NPA [est] « pour l’arrêt immédiat du chantier EPR. Nous sommes pour la sortie la plus rapide possible du nucléaire (maximum 10 ans) et en conséquence pour l’arrêt immédiat des constructions en cours. » Mais la difficulté de recueillir les 500 parrainages fait que Philippe Poutou risque fort d’être absent du débat.

Et on nous permettra de terminer sur Christian Troadec que l’UDB soutient dans sa recherche des 500 parrainages. Comme Oscar Temaru, celui-ci est contre. On reprendra quelques phrases qu’il avait dites lors de son entrée à ce qu’on appelait encore Conseil Général le 30 mars 2011. C’est à dire 19 jours après le déclenchement de la catastrophe de Fukushima : « Alors qu’une catastrophe nucléaire se déroule actuellement au Japon, je ne puis passer sous silence la position courageuse de Louis Le Pensec au moment des événements de Plogoff. […] je retiens aussi de lui son attitude lorsque le peuple breton s’est battu courageusement contre le projet de centrale nucléaire à la Pointe du Raz. […] C’est encore lui qui, après la victoire de la gauche à la présidentielle de 1981, enleva, dit-on, la signature du nouveau président pour l’annulation du projet alors que les lobbys pronucléaires s’activaient déjà autour de l’Elysée. Sans la ténacité des gens de Plogoff, sans la forte mobilisation du peuple breton que Louis Le Pensec a su relayer au plus haut niveau nous aurions peut-être une centrale nucléaire à la pointe du Raz et une menace réelle pour les populations et l’environnement, comme nous le démontrent les événements dramatiques de Fukushima. […] »

> Christian Pierre

Né en 1949, Christian PIERRE est membre de l'UDB depuis 1977. Très engagé pour la Bretagne, il est très investi aussi dans les Droits de l'Homme, comme à l'ACAT (ONG chrétienne de lutte pour l'abolition de la torture et contre la peine de mort) dont il est animateur du Groupe Quimper-Cornouaille. Il milite enfin pour les droits du peuple palestinien.