« Ma Vedig karet… » : ce sont environ 620 courriers de Loeiz Herrieu à son épouse, Loeiza er Meliner (Vedig en Evel, de son nom de plume), soit l’intégralité de la correspondance retrouvée, que Daniel Carré vient de faire paraître aux éditions TIR-Kuzul ar brezhoneg. Un témoignage absolument remarquable qui revit à un siècle de distance dans deux volumes : Nag ar gwenan ?… où les bretonnants pourront trouver la totalité des correspondances dans la langue où elles ont été rédigées ; l’autre – Et nos abeilles ?… – en propose à tous une traduction française accompagnée d’une très importante contextualisation. En 2014, Daniel Carré avait publié une traduction de Kammdro an Ankoù, le journal de guerre du même Loeiz Herrieu : Le Tournant de la Mort (TIR-Kuzul ar brezhoneg).
Le citoyen Louis Henrio – plus connu sous la forme bretonne de son nom : Loeiz Herrieu – est mobilisé dès le dimanche 2 août 1914. Dans l’après–midi, il quitte les siens : sa jeune femme (Louise Le Meliner, originaire de Languidic, qu’il a épousée en 1910), ses deux garçons (3 ans et 18 mois), ses vieux parents. Il laisse aussi derrière lui sa petite ferme du Cosquer en Lanester, entre Scorff et Blavet. Tout cela, il ne le retrouvera que dans la soirée du 5 février 1919.
Sans le savoir, il quitte aussi un univers qu’il ne retrouvera plus tout à fait : sa Bretagne, à laquelle il a consacré son énergie depuis dix ans, le mouvement breton, dans lequel il s’est beaucoup investi (Union régionaliste bretonne, Fédération régionaliste, Gorsedd), ses publications (Dihunamb, Le Pays breton), ses travaux d’édition et de collectage…