L’émigration interne des Bretons

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Le Télégramme dispose d’outils cartographiques puissants qui lui permettent de vulgariser sous une forme attractive et esthétique des données assez arides compilées par l’INSEE. Concernant la Bretagne il est possible d’obtenir toutes sortes d’informations utiles à nos institutions si elles disposaient de quelques pouvoirs pour la gestion des politiques publiques et pour la prospective en général. Pourtant, en traitant de l’émigration « intérieure » des bretons dans l’Hexagone, Le Télégramme publie des données qui concernent uniquement 4 des 5 départements bretons.

C’est un choix éditorial, puisque cela ne présentait pas de difficultés insurmontables de le faire pour les 5 départements bretons. Avec de faibles moyens, je suis parvenu à bidouiller une telle carte (voir illustration). Il faudrait disposer de moyens cartographiques modernes pour contrer la propagande d’État car bientôt nous verrons fleurir des cartes thématiques de ce type pour le grand Est ou les hauts de France !

Néanmoins, l’article du Télégramme de ce jour est intéressant car il donne un aperçu concret sur un phénomène relativement correctement perçu par la population mais pas vraiment quantifié : l’émigration. Il semble par exemple, à la lecture de la carte, que le Kreiz-Breizh se repeuplerait de « non natifs » ? Il serait intéressant d’obtenir des données plus détaillées et en pourcentage. Car cette carte ne présente en fait que les natifs restant vivre dans leur département. Il faudrait pouvoir la corriger en réalisant une carte des natifs des 5 départements bretons résidant aujourd’hui encore dans l’un de ces 5 départements.

Des comparaisons historiques donneraient également des informations pertinentes. Contrairement à ce qui nous est rabâché par tous les média autorisés, la population d’origine est restée extrêmement stable en Europe depuis le repeuplement post glaciaire. Il y a bien sur eu des apports divers de populations et des mouvements internes mais un renouvellement externe annuel de 1 % ne change pas fondamentalement les choses pour les locaux qui ont la chance de pouvoir rester vivre dans le pays où ils sont nés. Concernant la génération suivante la question est réglée : ils sont « devenus » bretons dans l’intervalle…

Hélas, les commentaires ne permettent pas de relier ce phénomène aux politiques centralisatrices de l’État. L’émigration n’est pas une fatalité. Elle est largement due aux choix opérés dans la capitale. Et de ce point de vue, le Grands Paris et ses 30 milliards d’investissement va encore siphonner une partie non négligeable de la jeunesse de Bretagne…

> Gwenael HENRY

Gwenael Henry vit à Lézardrieux. Il est membre du bureau politique de l'UDB.