
Daniel Carré, professeur certifié de breton et d’Histoire-géographie, vient de publier une thèse consacré à Louis Henrio, alias Loeiz Herrieu. À l’intiative de la librairie L’Encre de Bretagne, il présentait lundi soir son travail d’analyse de la correspondance de l’auteur breton à sa femme (Louise Le Meliner) et plus généralement à « ses chers 5 » (sa famille restée à Caudan) durant la Première Guerre Mondiale où il était mobilisé.
L’ouvrage intitulé « Et nos abeilles ?… » est la plus copieuse correspondance de guerre en breton jamais étudiée à ce jour. À travers les lettres à son épouse, Loeiz Herrieu parle de la vie de l’époque : « on y suit surtout la mise en œuvre de la stratégie de la forteresse intérieure qu’il développe pour résister à l’univers de la guerre et survivre debout », explique Daniel Carré. L’ouvrage permet aussi de casser un vieux mythe disant que les lettres étaient censurées. Avec des dizaines de milliards de lettres échangées durant les années de conflit, on voit mal comment la censure aurait pu être faite sur les courriers des soldates ! Les journaux, en revanche, sont plus faciles à contrôler, mais les lettres – qui plus est quand elles sont écrites en breton comme c’est le cas ici – racontent sans détour ce qui se passe, avec parfois beaucoup d’auto-censure ou d’ellipses.
Dans sa correspondance, Loeiz prodigue des conseils, donne signe de vie quasi-quotidiennement à l’aimée de son coeur, à ses parents, à ses enfants, malgré le fait qu’il a refusé de prendre ses permissions. À ceux qui cancanent à son encontre, il démontre dans son courrier que son coeur et sa tête sont restés en Bretagne, auprès de « Vedig an Evel » (la fauvette de l’Evel) tel qu’il l’appelait.
Soyons sûr que l’on retrouvera plus longuement Daniel Carré dans Le Peuple breton pour aller plus loin que cette modeste chronique au sujet de Loeiz Herrieu…