Parmi les propositions du candidat Fillon, il en est une qui caractérise bien le projet ultra-libéral et anti-social de la droite française : le démantèlement programmé de la sécurité sociale.
À la lecture de son projet présidentiel, un objectif ressort : redéfinir les rôles respectifs du public (sécu) et du privé (assurances et mutuelles). Pour le premier le risque lourd, pour le second le reste. Si depuis des années le remboursement de certains frais de santé ont basculé petit à petit de la sécu vers les mutuelles comme les tickets modérateurs, forfaits hospitaliers, etc… le positionnement des Républicains est plus radical. Pour « faire des économies », il faut – selon eux bien sûr – dérembourser massivement les actes non lourds. Là où le bas blesse, c’est le silence assourdissant sur le futur des foyers bénéficiant aujourd’hui de système de solidarité comme la CMU (couverture maladie universelle) ou ACS (aide à l’acquisition de la complémentaire santé). Ces mécanismes seront ils maintenus ? Totalement supprimés ? Il faut s’inquiéter d’une promesse vaguement évoquée dans le projet Fillon du maintien d’un filet de protection. Surtout quand on connaît les positions constantes de la droite sur les politiques de retraites par capitalisation ou de dépendances par assurances privées.
Soyons clairs : seule une infime minorité peut se payer ces garanties ! Il faut réaffirmer ici qu’il n’est pas possible de continuer à financer un système de santé totalement libéral par des financements solidaires. Le système doit être rénové. De même, imaginer que le transfert de remboursement de risques vers le privé résoudra le problème de financement des risques lourds est erroné face à une population vieillissante. La seule façon d’aborder cette question de remboursement santé de façon durable est de revoir les modalités financières du système en rééquilibrant cotisations et solidarité (impôts) tout en s’attachant dans le même temps à réduire l’influence libérale de certaines pratiques (tarifs libres, lobbying pharmaceutique, etc..).
La gauche française ne s’est pas totalement saisie de ces questions lors du mandat présidentiel en cours. Certes, la mise en œuvre de l’ANI ou du tiers payant peuvent être considérées comme des avancées, mais la question des financements de santé n’a globalement pas évolué. Avec la politique en faveur des jeunes, la fiscalité était l’enjeu du quinquennat. Il n’y a pas eu de révolution fiscale en matière de financement social. Le financement de la sécurité sociale reste un véritable chantier afin de créer un véritable projet de gauche de service public rénové. En Bretagne, celui-ci passera par une régionalisation accrue permettant d’expérimenter des solidarités territoriales et sociales. Le livre projet de L’UDB devra aborder ces questions essentielles des solidarités…