Réindustrialiser la Bretagne : une urgence !

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L’industrialisation de la Bretagne date du XIXème siècle et s’est poursuivi au cours du XXème : les conserveries de poisson d’abord, puis les entreprises d’agro-alimentaires, comme d’agro-équipement avant d’avoir vu s’ouvrir des sites stratégiques dans le domaine automobile comme à Rennes (Citroën à Chartres de Bretagne) ou à Lanester (SBFM) par exemple. Cette industrialisation a permis à la Bretagne d’afficher des taux de chômage plus faibles que la moyenne nationale même si ces taux cachent souvent une précarité forte. Or, depuis quelques années, l’industrie en Bretagne est malmenée.

Le capitalisme n’a que faire des territoires, de ses habitants et de ses salariés. Tout est justifié pour accumuler les dividendes, y compris licencier ou délocaliser, même si l’on est rentable. Certaines entreprises, comme Boutet-Nicolas à Rosporden, ont même purement et simplement fermé, les actionnaires estimant que les dividendes n’étaient pas assez importants. Ce fut également le cas de Marine Harvest à Lorient, Poullaouen et Châteaugiron… La cessation des activités du sous-traitant automobile Delphi, à Saint Aubin du Cormier (170 salariés) il y a quelques mois ou encore la récente fermeture des conserveries Minerve, à Quéven et Quimperlé il y a quelques jours, ne font que renforcer ce sentiment de désindustralisation généralisée. Philippe Bonnin, maire de Chartres de Bretagne, écrivait en septembre dernier dans un communiqué : « en 12 années, nous ne comptons plus les fermetures d’établissements et d’ateliers de sous-traitance dont la destinée était structurellement liée à l’usine d’assemblage de « La Janais » à Chartres ». Et de poursuivre : « dans le département [d’Ille-et-Vilaine], les emplois directs sont passés de 29 000 en 2005 à 10 000 tout au plus en 2015. Quant à l’effectif actuel réellement en activité dans les usines de Chartres de Bretagne, il est inférieur à 2 500. »

Face à cette désindustrialisation en marche, « il est nécessaire que les élus se mobilisent pour non plus « défendre l’industrie », mais bel et bien « réindustrialiser » (…) » estiment Gael Briand et Patricia Riou, candidats de l’Union démocratique bretonne (UDB) sous le label « Oui la Bretagne » aux prochaines législatives, à Lorient. Une grande ambition politique, animée par de véritables stratégies industrielles s’impose. La Bretagne ne peut se résigner à subir les décisions venues d’ailleurs. Fin 2015, les collectivités territoriales se sont lourdement engagées dans l’avenir du site de la Janais en rachetant des parcelles au-delà des prix de référence. Tout ceci avec l’intention affichée de « conforter le pôle industriel de la mobilité »… et promouvoir la « mobilité décarbonée ». En 2013, en pleine crise de la filière, l’UDB proposait déjà de diversifier la production du site en conservant les savoir-faire pour investir dans la fabrication de rames de train, de tramway ou de bus électriques à l’instar de l’entreprise Bolloré à Quimper… Son communiqué n’avait pas été pris au sérieux !

En septembre dernier, Philippe Bonnin faisait justement le lien entre la nécessaire réindustrialisation et l’annonce du groupe automobile Tesla (leader mondial en matière de construction de véhicules électriques) qui cherche à s’implanter en Europe : « En un demi-siècle, l’Ille et Vilaine était devenue l’une des terres d’excellence pour la construction automobile. Rythmé par le développement de l’usine Citroën, puis PSA-Peugeot-Citroën de Chartres de Bretagne, cet écosystème s’est développé jusqu’à la grande crise industrielle de 2008. » Les villes de Chateauroux et de Fessenheim se sont d’ores et déjà portées candidates pour accueillir l’usine, Fesseuse ayant la préférence politique pour le gouvernement du fait de la cessation, un jour ou l’autre, de l’activité nucléaire.

Que ni Rennes métropole, ni la Région Bretagne n’aient osé candidater relève de la faute politique !

> Ar Skridaozerezh / La Rédaction

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