L’actualité quimpéroise est assez riche ces temps-ci, avec trois événements en relation avec la solidarité… ou l’absence de solidarité. Christian Pierre a souhaité en parler au Peuple breton.
Tout d’abord, les croyants mais aussi les non-croyants étaient invités par l’Atelier Bible et Coran à une conférence dont les intervenants principaux étaient Mohamed Karabila (2ème à droite sur la photo), imam de la mosquée de St Etienne du Rouvray, et Mgr Dognin, évêque de Quimper et Léon. L’Atelier Bible et Coran a été créé à l’initiative de Chrétiens et de Musulmans, dont Mehmet Yilmaz, président de l’association culturelle turque de Quimper, et le but est d’oeuvrer pour le « Vivre ensemble ».
La conférence s’est déroulée devant une salle comble avec de nombreuses personnes debout, les musulmans étant assez nombreux à être venus y assister. Mohamed Karabila n’est pas n’importe qui: président du Conseil Régional du Culte Musulman de Haute-Normandie et président de l’association de lutte contre la radicalisation, Pass 276, il était par dessus tout un grand ami du Père Hammel, sauvagement assassiné dans son église le 26 juillet, 12 jours après les événements de Nice.
Dans une interview, l’imam disait que « Jacques Hamel était quelqu’un de sage, de simple, qui a consacré toute sa vie aux autres. Depuis 18 mois, nous faisions partie du même comité interconfessionnel. Après chaque attentat, nous nous réunissions au diocèse de Rouen pour y faire face. Ensemble, nous échangions sur la religion et sur l’importance de rester unis. »
Pour lui, St Etienne du Rouvray fait partie de ces villes où il y a très peu de problèmes inter-communautaires ou interconfessionnels. Pour preuve, il y a des religieuses qui font de l’aide aux devoirs à de jeunes musulmans. Pour preuve aussi, la mosquée a été inaugurée en 2000 sur un terrain vendu par l’église pour à l’époque la somme de… 1 franc symbolique ! Pour Mohamed, 99 % de la population musulmane locale est pacifiste. Les problèmes de la radicalisation sont dus aux manques de repères de jeunes qui vont chercher leurs informations sur les réseaux sociaux en Arabie Saoudite où ailleurs, chez « l’Imam Google » comme il l’appelle. On peut laisser la conclusion à Mohamed Karabila : « Il faut construire des ponts là où certains voudraient construire des murs. » Une phrase à laquelle le président élu des Etats-Unis devrait méditer.
Pour continuer sur le thème du Vivre ensemble, c’est ce qui devrait aussi se passer entre les ONG et les pêcheurs. Ce n’est pas vraiment le cas comme on peut le voir dans l’excellent documentaire « Océans , la voix des invisibles ».
Mathilde Jounot, sa réalisatrice, est venue le présenter à Quimper là aussi devant une salle comble (on a refusé du monde et une séance de rattrapage est prévue), lors d’une séance à l’initiative du CCFD-Terre solidaire. Il serait un peu long de résumer le film, mais les intervenants ont rappelé que dans de nombreux pays les terres des petits paysans étaient accaparées par les multinationales, ça tout le monde le sait. Ce qui l’est beaucoup moins, c’est que ce sont maintenant les ONG, et pour commencer la très connue WWF qui « accaparent » les océans. Sous prétexte de protection de l’environnement et de développement durable, les ONG multiplient les aires marines protégées, favorisant un tourisme littoral géré par des grandes sociétés pas vraiment environnementalistes !
C’est ce qu’on confirmé Abdul Halim, Indonésien, de l’association indonésienne Kiara (qui se traduit par « justice pour la pêche ») et Moussa Mbengué, Ivoirien représentant l’Adepa, Association pour le développement de la pêche artisanale pour l’Afrique de l’Ouest.
Un exemple, celui de l’Indonésie qui compte 2,7 millions de pêcheurs. Des dizaines de milliers de km² sont « protégés » et les pêcheurs déjà très pauvres n’ont plus le droit d’y pêcher, cela au profit du gouvernement qui fait rentrer les devises via le tourisme. On peut citer encore l’ONG américaine Pew qui gère une aire « protégée » autour de l’Ile de Pâques, ONG comptant parmi ses membres… Coca-Cola et Monsanto ! Le mieux pour en savoir plus est d’aller voir « Océans, la voix des invisibles » qui tourne actuellement en Bretagne.
Pour terminer, le Vivre ensemble fonctionne par contre bien sur le Pays de Quimper. Ce lundi, une pétition a commencé à tourner sur Internet : Sabina, jeune albanaise de 19 ans vit à Ergué-Gabéric, avec sa famille autorisée à vivre sur le territoire français. Bien intégrée, elle prépare un bac pro mais la préfecture a brusquement décidé de l’expulser par ce qu’elle est depuis quelques temps majeure. La pétition pour la soutenir avait pour objectif de dépasser 200 signatures, en 24H il y en a eu 830 ! Alors la préfecture a décidé de « surseoir à l’expulsion ». C’est une victoire mais elle incite quand même à la vigilance.