Et voilà, encore une fois le maire de Vannes, David Robo, liquide le patrimoine commun : forcément, il faut bien financer le tunnel de Kérino qui va gréver le budget municipal pendant plusieurs dizaines d’années, à cause d’un partenariat public-privé plutôt à l’avantage de Vinci que des finances publiques.
Un article de Ouest-France du 15 novembre nous apprend que le maire est en négociation pour céder l’Hôtel de Roscanvec à un acheteur, confidentiel pour le moment. Cet Hôtel particulier du XVIIème siècle (comprenant des éléments architecturaux du XVème siècle de la bâtisse sise en ce lieu précédemment) est situé en plein cœur de l’intra-muros primitif. Il a été construit en 1680 pour accueillir un conseiller du roi après l’exil du parlement de Bretagne à Vannes, décidé par Louis XIV suite à la révolte du Papier Timbré (Bonnets Rouges).
L’article précise que le projet semble acté, et que la bâtisse doit abriter un commerce. Il nous est rappelé néanmoins que le maire doit convoquer le conseil municipal en décembre pour approuver la décision. Ce qui, vu le rapport de force entre la majorité et les oppositions, laisse peu de doute sur la possibilité de contrer la volonté du premier magistrat vannetais.
Or, lors de l’assemblée générale de l’association de défense du patrimoine les Amis de Vannes, le 28 janvier 2016, il a été rappelé qu’en l’an 2000, lors du rachat de l’Hôtel de Roscanvec par la ville, à son précédent propriétaire, la Société Polymathique du Morbihan, le préfet avait donné son accord à condition que le lieu garde une vocation culturelle comme le souhaitait la Société Polymathique. Si l’éthique a encore un sens, le maire ne devrait pas pouvoir vendre ce bâtiment pour en faire un commerce.
Et dire qu’il y avait un projet de pôle muséal à Vannes, comprenant la Cohue et l’Hôtel de Roscanvec (reliés par un passage sous-terrain) ainsi que Château-Gaillard. Et dire qu’il y avait le budget (alloué par l’État et la Région !), que tout était prévu, les pièces exposées, la muséographie complète, etc.
Oui… Mais François Goulard, alors maire, mentor de Robo, désormais président du Conseil Départemental et bientôt candidat aux législatives, François Goulard donc, a tergiversé, puis a dit non. Tout simplement non. Des mois de travail, de réunions, de réflexion perdus pour rien. Les subventions ont été rendues. Le bâtiment est resté inexploité depuis, avec la dégradation inhérente à une vacance. La possibilité de pôle muséal semble lui enterré définitivement.
Telle est la gestion du patrimoine vannetais (public et privé) pendant 33 ans de règne de la droite Pavec-Goulard-Robo !
On vend ou on laisse vendre : cloître de Nazareth, cinéma Éden (malgré un beau projet de cinéma d’art et essai), le Carmel (dont le magnifique parc vient d’être sacrifié pour construire ce que le maire aime le plus : des résidences de standing, aux tarifs qui ne peuvent attirer qu’un certain type de nouveaux arrivants, alors qu’on sait que les jeunes vannetais sont contraints d’habiter en deuxième voire troisième couronne à cause des prix élevés sur la commune.
On détruit et on laisse détruire : Halle des Lices datant de 1912 détruite l’année de création du label « Patrimoine du XXème siècle » en 1999 (le sens de l’ironie est aiguisé à l’Hôtel de Ville !), Manoir de Ménimur (il y a un an ! Malgré les appels des associations)…
On attend que ça se dégrade : Chapelle Saint-Yves (sa restauration était pourtant une promesse de campagne de David Robo…), immeuble Petit-Fers (qui « vivote » depuis au moins vingt ans et qui est infesté de rats), « orangerie » de la Préfecture (désaffectée car risque de s’écrouler), Hôtel de Lagorce (surnommé « Château de l’Hermine » par les vannetais et dont les enduits tombent, les planchers menacent de s’effondrer).
Et quand on construit… Horreur ! Fontaine du Mené (des colonnes parallélépipédique en granit américain, heureusement démontée depuis, laide, extrêmement chère et dangereuse au moindre vent), nouvelles Halles (d’un banal affligeant, et qui ne sont plus des Halles, mais une galerie commerciale), mairie rue Joseph Le Brix (sans commentaire)…
Bon, il y a bien l’esplanade du port qui est une réussite. Mais il s’agit d’un aménagement urbain. Les vannetais se sont rapidement réappropriés cet espace. Si seulement cela ne recouvrait pas, là encore, un parking souterrain appartenant à… Vinci !
Aucune vision culturelle et patrimoniale à long terme. Vannes est une jachère. À titre de comparaison, allez faire un tour à Quimper, et voyez ce qu’il est possible de faire ! Voyez le Musée Départemental Breton : une véritable belle réussite !