Les forêts, « sous-utilisées » selon le gouvernement

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Saviez-vous que vous étiez actuellement consultés ? Depuis le 17 octobre plus précisément. Au programme ? Ni plus, ni moins que de savoir à quelle sauce nous allons bien pouvoir manger nos forêts à travers la consultation du public sur le projet de Programme national de la forêt et du bois (voir ici).

Présentée par le ministère de l’Agriculture suite à la « loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt » du 13 octobre 2014, ce projet a pour but de :

« 1/ Créer de la valeur en France, en mobilisant la ressource durablement » – Traduction : Faire de l’argent ;

« 2/ Répondre aux attentes des citoyens et s’intégrer aux projets de territoires » – Traduction : Plier les espaces naturels aux besoins de l’être humain ;

« 3/ Conjuguer atténuation et adaptation des forêts au changement climatique » – Traduction : Puisque que l’on ne veut pas changer notre société, on va changer la nature ;

« 4/ Développer des synergies entre forêt et industrie » – Traduction : Transformer nos forêts en usines.

Au total, 24,5 millions d’hectares de bois sont concernés dans l’Hexagone.

Pour le gouvernement, « la forêt française, en constante augmentation depuis un siècle, est actuellement sous-utilisée ». Dans le COP (contrat d’objectif et de performance) signé entre l’État et l’ONF (Office national des forêts), on peut se rendre compte que l’entretient de ces forêts coûte cher et ne rapporte quasiment rien. Comment donc faire en sorte que cette nature si improductive « rapporte » ?

Dans son projet, le gouvernement compte augmenter de 20 % la récolte de bois en exploitant de nouvelles parcelles devenues rentables, créer de l’emploi. Selon lui, l’exploitation des forêts préserverait même ces dernières. Pour pouvoir continuer à exploiter, il faudra en effet planter de nouveau. Imparable argument ! Reste à évaluer les effets négatifs.

L’autorité environnementale émet par exemple un avis mitigé quant à ce projet en pointant l’absence de vision à long terme, son impact sur la biodiversité. En effet, réfléchir à la gestion de notre environnement d’un point de vue industriel implique irréfutablement de privilégier certaines espèces au détriment d’autres. Or, on connaît l’équilibre précaire d’un écosystème liant entre elles les espèces animales et/ou végétales. Une forêt a besoin de nombreux types de plantes, d’arbres, abritant tel type de vie, nourrissant telle autre espèce, etc. Une forêt représente un monde où tout est interconnecté.

Homogénéiser ce monde dans un but industriel implique automatiquement d’artificialiser nos forêts qui deviendraient en réalité des « usines vertes », ne pouvant exister que par l’homme et pour l’homme. Cela voudra dire que l’on coupera de plus en plus tôt des arbres qui demandent du temps pour croître et participer au maintien de l’équilibre de son environnement. On uniformisera nos forêts qu’avec certaines espèces qui poussent rapidement, qui sont rentables, alors qu’un tel type d’environnement demande de nombreuses variétés différentes pour être équilibré. L’exploitation ne tiendra sûrement pas compte non plus des sols.

De nombreux autres acteurs pointent les incohérences du dossier comme Snupfen (l’un des syndicats de l’Office national des forêts) ou France nature environnement.

La fin de la consultation du public se terminera ce 7 novembre, jour où débutera la COP 22 à Marrakech faisant suite à la tant médiatisée COP 21 de Paris, celle qui nous promettait des jours meilleurs, plus respectueux de l’environnement, de la biodiversité…

> Jean-Christophe Cordaillat-Dallara

Jean-Christophe Cordaillat-Dallara est un militant de l’UDB.