“Interdit de parler breton et de cracher par terre”, cette affiche bien connue qui aurait été placardée dans certaines écoles, n’est visiblement pas à ranger au rayon “histoire”. La Poste de Paris 15eme a en effet créé une “charte du respect” qui n’a rien à lui envier.
“Si je m’exprime en dialecte locaux ou dans une langue étrangère, je peux mettre en difficulté mes collègues car ils ne comprennent pas. De plus j’ai un comportement discriminant. Je m’exprime avec grossièreté, je porte des jugements de valeurs. JE SUIS SANCTIONNÉ.” Telle est la consigne donnée dans ce bureau de poste affublée d’un pouce rouge tourné vers le bas.
Parler sa propre langue serait donc discriminant, grossier et porteur de jugements de valeurs selon la direction de ce bureau qui, au-delà du mépris affiché pour les autres langues que le français, entend règlementer la langue d’échange des employés. Selon les sections CGT et SUD de Paris 15, on “s’en prend ouvertement au créole” ajoutant qu’il est “hors de question de laisser la direction s’immiscer dans nos relations entre ouvrier(e)s“.
Pour repondre à cette directive stigmatisante, les syndicats ont lancé le slogan « Pa man nye kweol an nou » (Nous sommes tous des créoles) édité en badges et faisant le titre d’un tract (voir ci-dessous). “La boîte s’attaque à nos collègues parlant le créole : quand on s’en prend à l’un d’entre nous, on s’en prend à tous !” ajoutent-ils. La solidarité n’a pas de langue, elles les a toutes.