Hier, à Trégourez, nous avons enterré un ami. Jean-Claude Le Gouaille est mort brutalement dans la nuit de vendredi à samedi. Fondateur de l’association Correcteurs en Bretagne, il avait été recruté il y a de nombreuses années par Ronan Leprohon à l’époque où celui-ci était à la tête du journal, pour assurer la correction du Peuple breton. Depuis sa retraite et son passage de témoin à Jacques Dyoniziak, il continuait de participer chaque mois aux réunions de rédaction de notre magazine et s’occupait de la partie en langue bretonne, travail qu’il avait également transmis ces derniers mois à Maxime Touzé. Quand il corrigeait les articles sur épreuve, il avait également toujours un petit mot gentil pour les maquettistes – chez Cloître d’abord, puis à Sabine Comès –, à qui il expliquait le contenu des articles en breton. Mais Jean-Claude était surtout le directeur de publication du Peuple breton et donc statutairement… notre patron ! « Patron », voilà bien un terme qui l’aurait incommodé, lui qui refusait le rapport de domination existant entre salariés et patrons, lui qui tenait en si haute estime la lutte des classes. Et puis, patron de bénévoles… lui-même en aurait bien ri !
Son dernier « papier » pour lepeuplebreton.bzh traitait du rassemblement à Trégunc et de l’accueil des réfugiés. Ancien membre du Parti communiste qu’il avait quitté pour l’UDB, Jean-Claude était breton, évidemment, mais jamais le Gwenn-ha-du ne lui a fait perdre de vue l’internationale : pas question pour lui de justifier une « préférence nationale », qu’elle soit bretonne ou française. Le genre humain d’abord ! Syndicaliste, Jean-Claude proposait aussi régulièrement des articles sociaux dans nos colonnes ou nous indiquait les bonnes adresses.
En perdant Jean-Claude, l’équipe du Peuple breton perd un ami au rire sonore, un « magicien des mots » comme l’a décrit une de ses amies lors de la cérémonie, un compagnon aussi gentil qu’il était modeste. Derrière sa grande barbe (que d’aucuns disaient « la plus belle de l’UDB ») et sa carrure de colosse se cachait un homme généreux, présent à tous les rassemblements possibles avec son appareil photo, prêt à rendre service dès qu’il le fallait. Grand lecteur de la presse d’opinion (comme Le Canard enchaîné) ou satyrique (comme Siné hebdo), il n’était pas le dernier à nous donner des détails sur les affaires politiques et économiques et sa culture générale était vraiment appréciable lors de nos repas de rédaction, chaque mois. Après une petite mousse au chocolat ou deux boules de glace vanille (au choix), nous nous quittions pour mettre en musique ce que nous avions décidé le matin, en ayant hâte de nous retrouver le mois prochain pour faire le bilan. Début décembre, nous ferons notre réunion sans Jean-Claude et je sais déjà qu’à ce moment-là, il nous manquera terriblement. Nous trinquerons à ta mémoire camarade !