Philippe Blanchet, professeur de sociolinguistique à l’université Rennes-2, spécialiste de la diversité linguistique et culturelle, est l’auteur de Discriminations : combattre la glottophobie. Il y explore le cas français et comment le fait d’imposer une langue standard est un des moyens pour les groupes détenteurs du pouvoir étatique d’asseoir leur domination, au mépris des textes internationaux de protection des droits humains.
La France, « pays des droits de l’homme »… Les « valeurs de la République » (rarement précisées, mais qui seraient « la dignité, la liberté, l’égalité – notamment entre les filles et les garçons –, la solidarité, la laïcité, l’esprit de justice, le respect et l’absence de toute forme de discrimination », selon les programmes de l’Éducation nationale)… Ces mots sans cesse répétés le sont bien trop souvent pour ne pas relever de la propagande et attirer une attention critique.
Aurait–on besoin de le clamer autant si ça allait de soi ? Bien sûr, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) de 1789 figure en préambule de la Constitution de 1958, mais la plupart des États du monde ont ratifié d’autres déclarations comparables, à portée internationale et souvent plus protectrices des droits humains que le texte français