L’été a été marqué par des débats incessants sur la nécessité d’un Islam de France et même, encore plus loufoque, par la nomination du sémillant Chevènement, 77 ans…, à la tête d’une Fondation pour l’Islam de France. Cette Fondation devrait être créée à l’automne, pour permettre de lever des financements pour des projets en matière « profane ». Laïcité oblige, le volet religieux (formation théologique des imams, construction de mosquées…) sera entre les mains d’une association cultuelle (loi de 1905) administrée par des musulmans.
L’on attend avec gourmandise la nomination de Laurent Fabius à la tête du bouddhisme de France, celle plus consensuelle de Christine Boutin pour encadrer le shintoïsme bien français et celle – qui provoquera quelques remous – de Najat Vallaud-Belkacem pour cornaquer le catholicisme hexagonal. Mais la fille aînée de l’Église mérite bien une élue de la primature des Gaules !
Nombreux sont ceux qui ont rappelé pourtant les fondamentaux. L’auteur Yann Moix, avec quelque succès sur Facebook, a rappelé que l’article 2 de la loi de 1905 stipulait : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. » Donc la République ne se fait pas juge des élégances, ne va pas choisir les manières dont les musulmans doivent pratiquer un culte « à la française ». La République n’a pas à discuter de la pertinence des cols romains chez les curés ou de la couleur des turbans hindouistes. Chacun vit sa religion, dans le sein privé, comme il l’entend, si cela ne trouble pas l’ordre public. Et une femme habillée à la plage n’a pas été considérée par le Conseil d’État comme troublant…
Prenons un angle quelque peu original pour cette hérésie d’un « Islam de France ». Les accommodements raisonnables, comme diraient les Québécois, n’ont rien à voir avec la Nation, et donc avec Chevènement. Au contraire, sauf à vouloir trahir la loi de 1905 – et Manuel Valls y semble toutefois prêt ! – s’il doit y avoir une question de l’islam, des islams, elle sera bretonne !
L’islam se joue dans la conscience de chacun et… au local ! Là encore, comme toujours, il faut décentraliser ! Construire une mosquée ? Un permis de construire et des terrains doivent être obtenus, avec le soutien moral et non financier du maire. Un carré musulman au cimetière ? Le maire. Un imam trop prédicateur ou allumé ? Le maire qui devra, s’il le peut, faire constater le trouble manifeste à l’ordre public.
Bref, l’essentiel se joue au local et quand on connaît l’appétence des bretons à l’intercommunalité et au régionalisme, ces questions ne tarderont pas à être traitées « à la mode de Bretagne ».
Avec plus de cinquante mosquées en Bretagne, avec plus de 300 000 musulmans, de moins en moins pratiquants, la Bretagne a eu beaucoup plus de mal à se séparer de l’Église, en 1905, qu’elle n’a de problèmes aujourd’hui avec cette religion. Seule la fachosphère bretonne fait mine de trembler et d’éructer, rappelant les racines chrétiennes de la Bretagne à l’envie. Elles existent et restent marginales dans le temps. Celtes rêvés ou réels, Armoricains avant et après notre ère, et surtout, pendant plus de trois millénaires, les « bretons » du mégalithisme eurent une influence durable. La Bretagne ne se définit pas par ses religions, même si l’Église catholique eut cette forte tentation. Nous avons su dépasser cela…
Comme l’écrit Jean-Michel Le Boulanger : en Bretagne, il nous faut « revivifier la société, dynamiser la démocratie aujourd’hui sclérosée, et entretenir le dialogue avec toutes les altérités ». Pas plus, pas moins !
Quant à aller à la plage en burkini, ou en combinaison, onze mois sur douze, dans mon nord Finistère, c’est une nécessité absolue ! L’on parle encore d’une jeune naïade qui partit un jour se baigner du côté de Plouguerneau, en bikini. Elle en est morte.