Le bras de fer continue entre le Peuple des dunes en Trégor et la CAN

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Depuis 1993, la Compagnie Armoricaine de Navigation (CAN) arme et exploite deux navires sabliers 24 heures sur 24 et 350 jours par an et emploie 25 marins. Depuis plusieurs mois, la compagnie lorgne sur la baie de Lannion et, après avoir reçu les autorisations du ministre de l’économie récemment démissionnaire, Emmanuel Macron, elle a commencé son exploitation de nuit ce qui a (re)mis le feu aux poudres dans le Trégor. La tension monte, notamment à Lannion après la découverte d’un graffiti exigeant l’arrêt de l’extraction de sable sur le local du PS qui a été la cible d’un « engin explosif ». Il n’en faut pas plus pour relier les deux ! Et même si le collectif « Peuples des dunes en Trégor », par la voix de son président Alain Bidal, dénonce clairement cet acte, la CAN a aussi accusé certains opposants de s’être « introduits dans les locaux de l’usine de Pontrieux, le 8 septembre, et dans les bacs de décantation situés sur le port de Tréguier, le 12 septembre ». L’entreprise appartenant au groupe Roullier assure avoir reçu toutes les autorisations nécessaires pour procéder à ces extractions.

Après une mobilisation populaire réussi contre l’extraction dimanche dernier, la CAN a toutefois annoncé que, « dans un soucis d’apaisement », elle «  [suspendait] ses prélèvements jusqu’au prochain comité de suivi début novembre ». Alain Bidal, président du collectif « Peuple des dunes en Trégor » note cette suspension « avec beaucoup de satisfaction » : « c’est le résultat de 6 ans de travail de notre collectif ». « On notera aussi que ce communiqué intervient curieusement au moment même où nous étions en réunion avec Mme Ségolène Royal ». Le collectif était accompagné de Corinne Erhel, députée PS proche d’Emmanuel Macron, de Joël Le Jeune, président de la communauté d’agglomération de Lannion-Trégor et du sénateur Yannick Botrel. À l’issue de cette visite, la ministre de l’environnement a décidé d’envoyer « une équipe d’inspection du ministère de l’Environnement qui travaillera avec Ifremer dans le but de savoir si les prescriptions d’exploitation sont bien respectées ».

Bien que satisfait par cette entrevue, Alain Bidal est plus radical : « Je propose une autre idée à la CAN : qu’elle abandonne ce gisement compte-tenu des erreurs, manquements, omissions, insuffisances du dossier d’enquête publique. On a tous le droit de reconnaître ses erreurs. »

> Ar Skridaozerezh / La Rédaction

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