Les femmes en noir contre l’occupation en Israël

Women in black against occupation

Comme tous les vendredi, des dizaines de femmes se réunissent au pied du mausolée du Bab, à Haïfa, en Israël. Sur leurs panneaux sont inscrits de façon visible « End the occupation ». Les Women in black against occupation manifestent depuis 30 ans contre la politique israélienne de colonisation des terres palestiniennes. Le Peuple breton a rencontré ces femmes sur place.

En 1987, 20 ans après l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza, l’Intifada commence. En réponse, des juives israéliennes commencèrent à s’installer sur les places publiques, généralement dans des lieux très fréquentés, pour une heure ou deux. Le collectif Women in Black est né. Débutant à Jérusalem, il s’étendit bientôt à Tel Aviv et dans le Nord d’Israël où la communauté arabe est plus importante. L’association est mixte : on y trouve des Juifs, mais aussi des Arabes.

Depuis 30 ans donc, ce mouvement féministe s’oppose à la militarisation et à la violence inhérente au système politique de leur pays, Israël. « Je pense que c’est de notre responsabilité de lutter contre ce système », explique Janina, la doyenne du groupe local. « Haïfa étant une ville mixte, il est très important que nous maintenions ce rendez-vous », poursuit Techya. Pour elles, il ne s’agit pas de dire s’il faut un ou deux États, toutes les membres du groupe ne sont d’ailleurs pas forcément d’accord sur la solution politique à apporter. L’objectif est bien plus basique : faire parler les communautés entre elles. « Aujourd’hui, pour les israéliens, les palestiniens sont des citoyens de seconde zone. Nous nous élevons contre cette discrimination », s’insurge Orly avant de nous parler d’une autre association, Remember, dont l’objectif est de répandre l’histoire arabe dans la communauté juive.

Si Orly « refuse d’être pessimiste », elle regarde avec amertume la politique de l’État actuel. De même, Janina nous fait remarquer que « même la gauche » ne semble pas à la hauteur. « Regardez votre Premier Ministre ! » nous assène-t-elle. Avant de nous quitter, Orly nous interpelle : « Dites-leur bien que tout le monde n’est pas fasciste en Israël ! » Assurément, les Women in black connaissent la triste réputation de l’État israélien au niveau international.

Demain, elles seront encore à Haïfa ou à Tel Aviv (au carrefour de Dizengoff et de King George street), durant une heure ou deux pour dénoncer, encore et toujours, la politique coloniale de l’État israélien.

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]