Alléché par l’affiche de la « fête de la crêpe » à Gourin (Red Cardell, Les frères Guichen, Stratijenn, Ined Noz), Éric G. a décidé de s’y rendre en voiture. La soirée était pourtant à 100 kilomètres de chez lui, mais qu’importe, la musique lui plaît, il s’y rend et passe une excellente soirée. Jusqu’à son retour au parking du site où il découvre que son véhicule a été vandalisé. Un fait-divers habituel s’il n’avait comporté des inscriptions homophobes…
« Après la prestation de Startijenn, j’ai regagné ma voiture pour y prendre une écharpe car il faisait frais. Dans le noir, j’ai vu mon véhicule enrubanné de rubalise rouge et blanche, celle qui sert à délimiter les espaces de parking. J’ai pensé à une blague de potache, défait le balisage et j’ai regagné le fest-noz où je suis resté jusqu’à la fin. » raconte Éric.
En quittant la ville, il s’aperçoit que sa roue est dégonflée, s’arrête à un centre de lavage automobile et s’apprête à regonfler sa roue quand il distingue sur son capot des rayures. « Les dégradations sur des véhicules sont des choses courantes, mais celle-ci a un caractère homophobe ! », explique Éric qui ne veut pas laisser passer cela. Abonné au Peuple breton, il nous a transmis le courrier qu’il a envoyé dès le lendemain au maire de Gourin, David Le Solliec, pour lui faire part de son écœurement devant un tel acte perpétré dans une ville connue en Bretagne pour accueillir un défilé en faveur des libertés sexuelles [ndlr : défilé qui – au passage – vient justement d’être annulé par les organisateurs qui ne se sentaient « pas en mesure d’assurer physiquement, matériellement et financièrement la sécurité de la ville exigée par la préfecture »].
Selon Éric, « les gravures sur le capot avant ne laisse pas de doute sur la nature des intentions. Pourtant, je ne pense pas que les auteurs de ces faits me connaissaient car c’était ma première venue à Gourin. » Et de conclure : « Cette mésaventure m’a rappelé un film et un livre. Le film, c’est Le Ruban Blanc de Michael Haneke, Palme d’or 2009 [du festival de Cannes], l’histoire d’accidents à caractère punitif qui se passe dans un village allemand à la veille de la Première Guerre mondiale. L’embryon du nazisme. Le livre c’est Mangez-le si vous voulez de Jean Teulé, l’histoire vraie d’un jeune homme qui rentre dans son village à la veille de la guerre de 1870 contre l’Allemagne, qui se rend à la fête du village et devient le bouc émissaire de la population. Cela jusqu’à l’abominable ».
Le Peuple breton ne traite pas les faits divers. Ceux-ci ne servent qu’à alimenter un climat de suspicion et à grossir les petites lâchetés quotidiennes. Mais ici, il s’agit d’un acte d’homophobie ordinaire, comme on ne les dénonce plus, habitués que nous sommes à accepter des petits actes lamentables. Éric G. a porté plainte et demande réparation (puisqu’évidemment, l’assurance ne prend rien en charge). Il a surtout prévu d’exposer sa voiture sur le marché de Gourin le 13 août prochain. Pour sensibiliser et « ne pas faire la politique de l’autruche ».