Abeilles. Victoire ou demi-victoire ?

abeille

L’Assemblée nationale vient enfin d’adopter le projet de loi « pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages » et ses 72 articles, après les allez-retours avec le Sénat. Victoire ? En partie oui, c’est sûr, mais pas suffisante, c’est sûr aussi. En particulier pour la survie des abeilles ! La loi définitive est en retrait sur le projet initial qui prévoyait l’interdiction des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles dès 2018 voir 2017. Ces molécules sont bien interdites à partir du 1er septembre 2018, mais avec des dérogations jusqu’au 1er juillet 2020. C’est grave surtout quand on considère que les ventes des 5 principaux insecticides tueurs d’abeilles ont augmenté de plus de 30 % entre 2013 et 2014.

Mais comme nous apprend le journal Le Monde, « au long de son examen, ce projet de loi a en effet été soumis aux lobbys des chasseurs, des agriculteurs et des industriels de l’agrochimie […] Les débats ont aussi été brouillés par les dissensions gouvernementales, qui ont notamment opposé les ministres de l’environnement et de l’agriculture ». Du coup, plus d’un contestent l’attitude ambiguë de Stéphane Le Foll.

C’est la raison pour laquelle six ONG environnementales ont publié un communiqué commun qui dit que « cette loi contient de réelles avancées, mais [que] le rendez-vous est en partie manqué. Elle ne remet pas en cause un modèle économique à courte vue qui hypothèque l’avenir de la biodiversité et donc de nos sociétés modernes. »

Si cependant vous vous trouvez dans une commune où ces insecticides sont utilisés de façon abondante, le maire a le pouvoir d’adopter un arrêté local en interdisant l’utilisation à proximité des ruches et ce, afin de limiter le préjudice subi par les apiculteurs. En effet, « Agir pour l’Environnement et l’Union Nationale de l’Apiculture Française ont rédigé un voeu et deux projets d’arrêtés types que votre maire peut soumettre à son conseil municipal. »

Pour terminer d’une façon positive cet article sur les abeilles, parlons d’une initiative extrêmement intéressante qui ne se passe pas ici, mais en Palestine. L’information nous parvient du Mouvement Démocratique Arabe qui nous apprend que six femmes de Kafr Malek, un village proche de Ramallah en Cisjordanie, en territoire occupé, se sont lancées il y a 4 ans dans l’apiculture. « Le revenu supplémentaire [du à la vente du miel] est bienvenu pour leurs familles alors que le taux de chômage touche un quart de la population active et 40 % des femmes dans les Territoires palestiniens. Mais au-delà de l’aspect financier […] les abeilles leur ont ouvert de nouveaux horizons. Certaines femmes n’étaient jamais sorties de Palestine, voire de leur village. Et aujourd’hui, elles se sont rendues en Jordanie et même certaines en Espagne pour présenter leurs produits dans des salons d’agriculture et de commerce équitable. »

Il y a fort à parier que là-bas les abeilles n’ont pas à souffrir des néonicotinoïdes…

> Christian Pierre

Né en 1949, Christian PIERRE est membre de l'UDB depuis 1977. Très engagé pour la Bretagne, il est très investi aussi dans les Droits de l'Homme, comme à l'ACAT (ONG chrétienne de lutte pour l'abolition de la torture et contre la peine de mort) dont il est animateur du Groupe Quimper-Cornouaille. Il milite enfin pour les droits du peuple palestinien.