Alors que la Chine a mis fin à sa politique de l’enfant unique en 2015, beaucoup s’attendaient à ce que sa démographie s’envole. C’est pourtant tout le contraire que prévoient les chercheurs. La Chine a une des fécondités les plus faibles du monde. Selon le chercheur Huang Wenzheng, la population chinoise [de 1,4 milliards d’individus aujourd’hui] pourrait tomber à 600 millions en 2100. L’ONU table sur 1,1 milliards à la même époque. Quels que soient les scénarii, on assiste à un effondrement de la démographie, phénomène qui panique purement et simplement toutes les économies mondiales dont le maître-mot est la croissance et qui ont fait reposer leur système social sur cette condition !
En cause de la faible natalité en Chine, le développement des avortements sélectifs des familles préférant un fils qu’une fille ce qui provoque un déséquilibre des sexes important, mais aussi le fort taux de chômage qui touche plus les femmes que les hommes. La carrière professionnelle passe souvent avant le désir d’enfants. En Chine, les familles sont aussi contraintes de faire des sacrifices financiers pour payer les soins ou l’école.
Cet effondrement prouve que la démographie ne se « gère » pas de façon autoritaire, mais dépend bien du niveau de vie. En Europe notamment, sans politique nataliste volontariste, on constate que la population stagne. Et alors que les familles les plus pauvres faisaient autrefois plus d’enfants, il semblerait que dans les économies globalement plus aisées, beaucoup de familles attendent d’avoir une situation professionnelle plus stable avant d’avoir leur premier enfant. Or, la stabilité n’est pas franchement une caractéristique du système économique capitaliste.
Se dirige-t-on vers une nouvelle forme de discrimination future où seules les familles les plus riches pourront avoir des enfants ? Ces questions démographiques démontrent en tout cas qu’il est urgent de faire reposer nos économies non plus sur l’illusion des « 30 Glorieuses » rendues possibles par la seconde guerre mondiale et le besoin de reconstruire, mais bien sur le partage, seule condition pour assurer un monde soutenable aux générations futures.