Résumer le travail d’un « correcteur » à celui de corriger les fautes d’orthographe serait insultant. Certes, ces professionnels traquent les coquilles, mais ils travaillent également la syntaxe, reformulent les phrases, préparent les copies avec pour objectif un confort de lecture pour le lecteur. En ces temps où la lecture devient rare, soigner l’écriture devient donc encore plus important. Malheureusement, la presse et l’édition recourent de moins en moins aux services de correcteurs estimant pouvoir faire l’économie de relectures professionnelles. Ce n’est pas le choix qu’a fait Le Peuple breton, qui, malgré ses difficultés financières, salarie un correcteur. Aussi, il nous semblait important de relayer cette pétition des « correcteurs précaires ».
Ces derniers expliquent que « les fameux contrats anglais « zéro heure » existent depuis longtemps déjà en France », notamment dans le monde éditorial. « Cet expert du texte, qu’on appellera correcteur pour simplifier, est dit multiemployeurs, car il est censé travailler pour plusieurs maisons d’édition ». Or, selon ce collectif, 90 % des correcteurs ne travaillent que pour un seul employeur. « La plupart du temps, sans avoir signé de contrat, s’il travaille régulièrement pour une maison d’édition, le correcteur est en CDI de fait, mais sans aucune garantie d’un nombre d’heures travaillé, et aucun revenu fixe et prévisible, l’annexe IV de la Convention nationale de l’édition qui régit le statut des TAD [travailleurs à domicile] n’imposant aucune obligation aux employeurs d’un salaire mensuel minimum. Il doit se tenir en permanence à disposition de l’entreprise, qui l’emploiera une heure, quinze heures, cent vingt heures ou pas du tout dans le mois. Il est payé à la tâche, au nombre de signes, à un salaire horaire trop bas, et parfois dans des délais qui ignorent que certains jours sont chômés. Si un manuscrit est en retard ou annulé, le correcteur n’a aucune compensation, il se retrouve avec un compte en banque dans le rouge et ses yeux pour pleurer. Étant en CDI, et bien que cotisant, il n’a pas droit aux allocations chômage. C’est un intermittent… sans le statut de l’intermittence ! »
Le correcteur, pour le collectif, « est le rêve du libéralisme absolu : il dépend de l’offre… et se rue sur elle, quand elle se présente à lui. » Mais cela ne s’arrête pas là puisque les maisons d’édition font de plus en plus appel à « l’autoentrepreneur », véritable « salarié déguisé ».
« En mars, une intersyndicale a proposé aux employeurs des améliorations à l’annexe IV. La principale : avoir l’espoir de pouvoir travailler le même nombre d’heures que l’année précédente. Et la possibilité de lisser les revenus annuels de manière à avoir un salaire mensuel fixe… La réponse est prévue fin juin. »
D’où la pétition que nous vous invitons à signer ici…