
Le Centre d’histoire de Bretagne a été fondé en avril 2012 afin de favoriser la connaissance de l’histoire de la Bretagne. Ses membres diffusent par newsletter des chroniques sur lʼHistoire de notre pays et disposent également dʼun site. En mars dernier, lʼassociation a écrit au Rectorat pour leur demander des précisions sur lʼenseignement de lʼHistoire de Bretagne dans les programmes scolaires. La réponse quʼelle a obtenu le 18 mai de Christian Lippold, inspecteur dʼacadémie en histoire-géographie et de Rémy Guillou, inspecteur dʼacadémie en langues et cultures régionales mérite quʼon sʼy attarde…
Les deux inspecteurs commencent leur courrier par des perspectives intéressantes : « les professeurs ont toute latitude pour employer dans le cadre de leur enseignement les ressources qui leur paraissent les plus appropriées à la mise en œuvre des programmes »… avant de poursuivre : « Ils peuvent donc bien évidemment prendre des exemples dans le cadre breton tant en histoire qu’en géographie, non dans une perspective d’histoire ou de géographie locales ou régionales, mais pour concrétiser les phénomènes et les notions qu’ils abordent et sans se limiter au cadre de la région. Il ne s’agit toutefois pas d’« enseigner l’histoire de la Bretagne », mais bien de mobiliser des repères ou des exemples en vue de construire les apprentissages attendus dans le cadre des programmes nationaux. »
Une règle de lʼactuelle réforme du collège qui, selon eux, confirme la « liberté pédagogique » des enseignants. On en déduit que ces derniers ont la liberté de ne pas enseigner lʼHistoire de Bretagne, mais bien lʼHistoire de France à travers des exemples locaux. Une nuance sémantique qui fait toute la différence. Pour François Labbé, membre de lʼassociation, « l’histoire de la Bretagne devient un aimable accessoire simplement destiné à illustrer, enjoliver le programme ». Jean-Jacques Monnier, de son côté, estime que cʼest un « repli communautariste français » ni plus ni moins, lʼauteur de la « Connaissance de la Bretagne des origines à nos jours » se souvenant en effet que son premier cours dʼHistoire de Bretagne (officiel et rémunéré) lui avait été commandé par un proviseur, pourtant jacobin, à Rennes en 1971. Cette réponse fait donc, pour lui, office de marche arrière !
On mesure, par cette échange de courriers, à quel point lʼHistoire de Bretagne est sulfureuse et combien lʼÉtat souhaite la passer sous silence.