Lʼhistoire ressemble à une intrigue de roman policier. Le 17 mai, un promeneur découvre près de lʼex-centrale de Brennilis, à moitié cachés sous les ronces, des récipients en plomb portant le logo « radioactif ». Il en prévient les autorités. LʼAgence de Sûreté Nucléaire (ASN) puis le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) interviennent rapidement pour identifier, puis évacuer les récipients. Diagnostic : ces récipients ont contenu très probablement de lʼiode 131 à usage médical, mais il nʼy a plus de trace de radioactivité, les pots étant là apparemment depuis longtemps. Mais, surprise : entre le passage de lʼASN et le passage du CEA, une partie des récipients ont disparu ! Que sont-ils devenus ?
Nouveau rebondissement : un ferrailleur signale quʼun habitant de Brennilis a revendu les pots manquants, pour un total de près de 400 kg ! Comme on le disait, ça fait un peu roman policier, mais à côté, on peut se poser un certain nombre de questions. Et tout dʼabord, comment des déchets pharmaceutiques qui a priori devaient provenir du milieu hospitalier, et probablement radioactifs au départ, ont pu se retrouver aux abords dʼune centrale nucléaire en phase de démantèlement ? En espérant peut-être que les pots partiraient avec les déchets de la centrale ? Mais alors, pourquoi les dissimuler en pleine campagne ?
LʼASN a dit quʼil nʼy avait plus de traces de radioactivité. Il nʼy a pas vraiment lieu de mettre en doute cet avis. Ces pots ont contenus de lʼiode 131, produit très radioactif. Mais, de fait, il disparaît très vite. Sa demi-vie, plus couramment appelée « période », est de 8 jours. Ce qui veut dire que son activité est divisée par 2 tous les 8 jours et on a coutume de considérer quʼil nʼy a plus de radioactivité au bout de 10 périodes. Pour un cas comme celui-là, cela donne 80 jours, et les pots étaient là depuis beaucoup plus de 3 mois.
Une autre question à soulever est celle de lʼinconscience de celui qui a récupéré les pots pour les revendre. Avait-il eu lʼinformation sur la non dangerosité des pots (non dangerosité radioactive car, de son côté, le plomb est toxique) ? Ou a-t-il fait comme sʼil nʼy avait pas de logo sur les pots ? Ce comportement est à rapprocher de celui de personnes qui trouvent dans la campagne un obus et au lieu de le signaler aux autorités compétentes le mettent dans le coffre de leur voiture… Cʼest vraiment, comme le dit lʼexpression, ne pas avoir beaucoup de plomb dans la tête !