Le parcours-type pour devenir enseignant…

parcours type ESPE

Sur le site internet mis en place par le ministère dont l’objectif est de répondre à toutes les questions qui se posent à une personne voulant être enseignant, on trouve un schéma qui indique un « parcours type » pour devenir enseignant, avec un passage obligé par l’ESPE afin de valider un niveau Master, et plus précisément un Master MEEF (Métiers de l’Enseignement, de l’Éducation et de la Formation) qui se décline en plusieurs spécialités : premier degré, second degré histoire-géographie, professeur en lycée professionnel…

Ces Écoles Supérieures du Professorat et de l’Éducation, mises en place il y a trois ans pour créer un centre de formation de tous les enseignants qui souhaitent devenir membre de l’Éducation Nationale (primaire et secondaire) présentent une avancée. On reconnaît qu’enseigner c’est un métier avec des compétences qui s’apprennent et que tous les enseignants doivent avoir un niveau bac +5 et un diplôme de Master.

Cependant, si l’idée – et même pourrait-on dire le concept – d’une École Supérieure pour former les enseignants est à la fois prometteuse pour l’avenir et pleine de modernité, on peut se demander son rôle réel tel qu’il est mis en place, avec un « parcours type » comme présupposé. Est-il réaliste d’envisager comme présupposé que toutes les personnes qui veulent devenir enseignant suivent un parcours semblable ?

Alors même qu’on attend d’un enseignant qu’il prenne en compte la diversité des publics scolaires, qu’on parle d’égalité des chances, on demande en même temps d’intégrer un « parcours-type » pour exercer ce métier. Actuellement, et si on se réfère au « parcours type » établi par le Ministère de l’Éducation Nationale, celui-ci a été conçu pour permettre à toutes et tous de se former après validation du concours adéquat (Capes, Capet, PLP, CRPE…).

Pourtant, ceci ignore d’une part la diversité des lieux de formation existants en France et qui emploient des enseignants (tous ne relèvent pas du ministère de l’Éducation Nationale) et également de la diversité des parcours individuels qui entrent rarement dans un schéma-type. Face à la diminution des dépenses publiques, l’offre et la demande ne se rencontrent malheureusement pas toujours.

Une fois les choses exposées de la sorte, on pourrait attendre du ministère un peu plus de réalisme, et la réalisation d’une véritable École Supérieure du Professorat et de l’Éducation, où le coeur du processus de formation seraient les compétences du métier d’enseignant, laissant libre à chacun de décider s’il veut les mettre au service de l’Éducation Nationale ou d’une autre structure de formation.

Le « parcours-type » fait surtout lʼimpasse sur ceux qui le suivent, mais qui échouent au concours. On peut en effet valider une licence, sʼinscrire en Master MEEF, se former à lʼESPE en M1 MEEF, faire les stages dʼobservation obligatoires et vouloir devenir enseignant… mais rater son concours tout en validant néanmoins son M1 MEEF. Rien dans le « parcours-type » n’indique alors la voie à suivre suite à ce demi-échec !

Plusieurs logiques sʼoffrent : premièrement, se rendre défaillant à un examen de M1 afin de redoubler et retenter le concours tout en restant un « étudiant type » dans le « parcours type » ou alors envisager de quitter l’ESPE puisquʼon est sorti du « parcours type » ou encore sʼinscrire en M2 pour continuer la suite logique du grade Master tout en sachant quʼon a raté le concours. Si cette dernière option est retenue, on réalise un stage sur le même modèle qu’en M1, sans beaucoup plus de responsabilité. On est alors égal à son voisin à ceci près quʼon a échoué au concours. Et tandis qu’un étudiant de M2 non lauréat du concours ne peut être en responsabilité dans un établissement (collège ou lycée), par contre, un M2 lauréat du Capes est l’avenir du métier ! Au final, le concours seul fait office de critère. On peut néanmoins repasser le concours, mais lʼépreuve est plus difficile étant entendu que pour financer lʼannée de M2, celui qui a échoué la première année doit souvent travailler en plus des études, lʼalternance (rémunérée) ne valant que pour les lauréats du concours.

La question est alors de savoir sʼil est possible de devenir enseignant sans passer le concours de lʼÉducation Nationale ? Oui… à condition dʼêtre vacataire !

> Marion LECONTE

Nantaise, Marion Leconte a fait un double cursus de breton et de géographie. Puis elle a choisi de poursuivre ses études en géographie afin de pouvoir voyager hors Europe et notamment en Inde du sud. Elle se prépare actuellement au métier de l’enseignement dans le secondaire.