Occitan : le Conseil Départemental des Pyrénées-Atlantiques veut-il tout saccager ?

drapeau bearn

Il y a un an jour pour jour, je décidais de me mettre en grève de la faim pour que soient respectées les décisions de deux conseil régionaux qui avaient voté à l’unanimité la création d’un Office Public de la Langue Occitane. Il s’agissait de mettre l’État face à ses responsabilités. Il n’avait qu’un arrêté ministériel à rédiger et à signer ; nous attendions depuis dix mois. Visiblement le dossier était enterré. Mais grâce au soutien de milliers de personnes, cet Office interrégional existe aujourd’hui ; et il a du pain sur la planche.

Je ne suis plus élu, d’autres l’ont en charge. Deux élus béarnais siègent à son conseil d’administration. L’Office Public de la Langue Occitane peut être un interlocuteur du Conseil Départemental des Pyrénées Atlantiques comme l’est l’Office Public de la Langue Basque. Mais, aujourd’hui, le conseil départemental des Pyrénées Atlantiques a décidé de réduire les aides à toutes les associations qui s’occupent de la transmission de la langue. Il a décidé de réduire la langue à un élément folklorique. Il taille dans ce qui est le plus efficace. Il réduit son aide aux associations les plus dynamiques.

Comment peut on valider l’idée selon laquelle la question de la transmission de la langue, de son enseignement, de la production de matériel pédagogique, doive être mise au niveau de l’aide à des manifestations telles « l’escopit de milhòc » ( le cracher de grain de maïs) ou au niveau des « trois heures de la brouette » !

Pourtant le département des Pyrénées-Atlantiques a développé depuis quelques années une politique en faveur de la langue occitane (béarnais) dynamique et efficace, quelle que soit la couleur de sa majorité. Comme militant associatif, je m’étais battu pour cela ; puis comme élu de la Région, j’ai pu travailler à des projets communs.

Cela fonctionnait et a permis le développement d’écoles associatives et d’écoles bilingues dans l’Éducation nationale. D’autres actions aussi très importantes pour le développement de la langue ont été menées en concertation entre les collectivités, dans l’audiovisuel par exemple.

Aujourd’hui on veut tout mettre par terre ! Pourquoi ? Je ne vois qu’une explication : l’incompétence de ceux qui ont inspiré ces décisions passéistes et rétrogrades !

Ce n’est pourtant pas une question partisane. Je connais des gens de gauche et de droite qui sont aujourd’hui très choqués.

Une politique linguistique demande du temps, de la constance de la compétence et de l’intelligence. Je vous laisse deviner parmi ces éléments ceux qui, selon moi, manquent aujourd’hui dans les décisions qui sont annoncées au Conseil Départemental. Il en manque plusieurs !

Au Parlement de Navarre, il y a quelques années, François Bayrou avait déclaré : « lo temps de la vergonha qu’ei acabat ! » (le temps de la honte est terminé !). Il faut croire que certains veulent que nous fassions un saut dans un passé que nous pensions révolu.

Ei tornat lo temps de la vergonha ? Le temps de la honte est-il revenu ?

> David Grosclaude

David Grosclaude est ancien conseiller régional en Occitanie. Il s'est illustré notamment comme un élément clef pour l'ouverture de l'Office public de la langue occitane (OPLO) en menant une grève de la faim.