Alors quʼil avait obtenu au premier tour un relativement faible score (21,3 %) au regard de son adversaire du FPÖ (extrême-droite) Norbert Hofer (35 %), cʼest Alexander Van der Bellen, candidat écologiste, qui lʼa emporté dimanche 22 mai grâce à un taux de participation en hausse au second tour avec plus de 70 %.
Une nouvelle qui soulage en Europe, mais qui ne manque pas dʼinterroger. La crise dite « des migrants » nʼen finit plus dʼavoir des conséquences sur lʼUnion européenne. Après la décision dʼun référendum sur le « Brexit » concédée à UKIP par David Cameron au Royaume-Uni, les bons résultats du FN aux régionales en France, les manifestations ouvertement fascistes en Italie, la montée des partis xénophobes se poursuit. LʼAutriche qui était à la pointe de lʼaccueil des réfugiés a fini par basculer, victime du discours anxiogène du FPÖ. Mais encore une fois, les articles de presse commentant lʼélection révèle que ce ne sont pas les réfugiés eux-mêmes qui effraient la population, de même que les « casseurs » en France nʼinquiètent pas réellement. En réalité, cʼest le discours sur eux qui créé un climat délétère.
À première vue, lʼAutriche sʼen sort bien, mais les réactions politiques en France laisse penser que rien ne sera fait pour remédier aux problèmes de fond qui sont communs à toute lʼEurope. Dans un article de Libération, Jean-Yves Camus, spécialiste de lʼextrême-droite, explique que la montée de ce courant relève dʼun ensemble de causes et de la « personnalité » propre de chaque pays : « Globalement, celle-ci prospère lorsque trois crises se déroulent en simultané : une crise de représentativité, cʼest-à-dire du fonctionnement des institutions ; une crise de la redistribution, cʼest-à-dire une remise en question du caractère équitable de lʼimpôt ; et une crise dʼidentité. »
Dire « ouf » ou jouer la morale comme Manuel Valls ne fera rien avancer du tout. Déjà certains mouvements « sociaux-démocrates » pensent avoir trouvé la solution pour garder ou reconquérir le pouvoir face à la montée de lʼextrême droite : adopter ses thèses et/ou passer des alliances avec elle, ne répondant pas, de fait, aux questions de fond. Cʼest déjà le cas en Autriche (alliance gouvernementale dans la région du Bungerland) ou en Slovaquie (gouvernement de Robert Fico). Rappelons-le autant que possible : ça nʼarrive pas quʼaux autres ! Et si le gouvernement dit « socialiste » continue sa politique anti-sociale, on pourra alors dire sans ambiguïté quʼil a poussé les électeurs dans les bras du FN.