L’art au service de la collectivité en Inde

PB baadal
Avant, après…

Comment faire entendre sa voix en tant que citoyen lorsqu’on constate une défaillance des services publics ? Ceci est une question de grande importance dans une démocratie. En France, la tradition est de manifester. Mais à l’échelle locale, d’autres actions sont possibles. En Bretagne on peut penser par exemple au collectif Ai’ta, qui agit pour que la langue bretonne apparaisse dans l’espace public, les postes, les gares par exemple. Ce groupe, inspiré des Demo du pays basque, base son action sur la non violence et les happening : festdeiz en gare, die-in en sont des exemples. Et si on allait voir un peu plus loin encore, par exemple dans le pays qui a fondé la non violence ?

Un artiste indien s’est fait connaître par ses œuvres in situ et sa diffusion par les réseaux sociaux. Baadal Nanjundaswami officie dans la ville de Bangalore, qui est la capitale du Karnataka, un des État de l’Inde du sud. La ville de Bangalore, métropole multi-millionnaire, une des cinq plus grandes villes de l’Inde, est en pleine explosion démographique par l’implantation d’un grand nombre de compagnies informatiques d’envergure internationale (Infosys…). La ville de l’informatique, ancienne cité jardin des anglais du temps de la colonisation, est en complète métamorphose, une des ces métropoles des pays émergents où la vie foisonne, et les problèmes aussi.

Baadal Nanjundaswami a décidé de mettre une partie de son temps d’artiste au service de l’amélioration de la voierie afin d’inciter les services publics à réparer les dégâts sur les chaussées qui sont un risque d’accidents (trous béants, pavés en plein milieu de la route…), il intègre ces irrégularités dans une œuvre d’art éphémère, destinée à disparaître dès que la voirie est réparée.

Par exemple, un trou béant transformé en bouche ouverte. Dès lors que Baadal a peint le visage d’un dieu hindou, les passants ont évité le trou, comme pour ne pas se faire avaler par la bouche ouverte du dieu. Il s’était également fait remarquer pour avoir mis un crocodile en plastique dans une fosse replie d’eau pendant la saison des moussons, qui était un danger pour les automobilistes car la fosse se trouvait au milieu de la chaussée.

Sa dernière œuvre en date a consisté à transformer un trou en une piscine factice, et il a mis en scène un enfant prêt à plonger, afin d’envoyer cette photo sur la page facebook et le compte twitter de la Bangaluru trafic police. Ses actions sont très efficaces car c’est souvent dans la même journée que les dégâts sont réparés.

Vous pouvez suivre son œuvre sur facebook. Mais au-delà, ne pourrait-on pas s’en inspirer ?

> Marion LECONTE

Nantaise, Marion Leconte a fait un double cursus de breton et de géographie. Puis elle a choisi de poursuivre ses études en géographie afin de pouvoir voyager hors Europe et notamment en Inde du sud. Elle se prépare actuellement au métier de l’enseignement dans le secondaire.