UKIP à la porte de l’Assemblée galloise

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L’extrême droite est une plaie qui gangrène l’Europe. Les résultats du 1er tour de l’élection du Président de la République autrichienne ont une nouvelle fois secoué le Vieux-Continent. Le Pays de Galles n’en est pas à cette cote d’alerte, mais UKIP devrait faire son entrée à l’Assemblée nationale ce qui constitue en soi un événement.

Existe-t-il aujourd’hui un pays européen qui ne soit pas confronté à une inquiétante ascension de l’extrême droite ? Excepté l’Espagne post-franquiste où elle se fond encore dans le Parti Populaire, il n’y en a guère dans les faits, preuve que le mal est profond et certainement lié pour partie au sentiment de déliquescence des États nations face à la mondialisation des échanges et les restructurations profondes de l’économie qu’elle implique. Au Royaume-Uni, seule l’Écosse semble jusqu’ici à l’abri de la poussée d’UKIP comme si le SNP apportait un vent de fraicheur démocratique depuis le référendum sur l’indépendance du pays, pourtant perdu.

Plus au sud, le Pays de Galles qui demeure une terre solidement ancrée à gauche ne parvient pas à endiguer la percée de cette extrême droite à la mode britannique, du moins si l’on se réfère aux dernières élections législatives (mai 2015) et aux sondages concernant le scrutin national de jeudi prochain, 5 mai. Les dernières livraisons confirment une montée en puissance du parti de Nigel Farage. L’entrée d’UKIP dans l’hémicycle gallois ne fait guère de doute et il semble que les votes perdus à la fois par les conservateurs et les travaillistes se reportent majoritairement sur ce parti. Ce devrait donc être l’événement de cette campagne. Si les sondages se traduisent dans les urnes, UKIP gagnerait 8 sièges quand les Tories n’en auraient que 10 ! L’entrée ne se ferait donc pas sur la pointe des pieds, elle serait nette et…très visible.

YOU can stop UKIP !

Nous l’avons déjà souligné, dans un contexte où les partis au pouvoir, le Labour et les Tories déclinent, seul le Plaid Cymru parviendrait à se maintenir voire à glaner un siège supplémentaire. Cela signifie que le parti conduit par Leanne Wood, malgré son ancienneté, n’est pas considéré par les Gallois comme appartenant au système. Le Plaid se positionne d’ailleurs clairement comme une alternative pour le Pays de Galles et travaille à l’élaboration d’un récit pour la « nouvelle nation » galloise. Il se présente aussi comme le meilleur rempart à la montée d’UKIP en demandant aux électeurs déçus par les partis de gouvernement de les soutenir.

Tactiquement, ce qui est en jeu ici, c’est la manière dont les Gallois voteront pour les listes des cinq régions électorales. Rappelons que 40 circonscriptions font l’objet d’un scrutin uninominal majoritaire à un tour complété par un scrutin de listes à la proportionnelle qui au final attribue 20 sièges supplémentaires. La bataille électorale entre UKIP et le Plaid se situe à ce niveau et semble-t-il particulièrement dans les régions électorales du sud. En tout cas, la communication du Plaid Cymru à destination des électeurs est assez claire à ce sujet, l’objectif est bien de contraindre un mouvement qui donne à UKIP ses meilleures perspectives, non pas sur les circonscriptions, mais bien sur le vote à la proportionnel des listes.

À cette heure, il paraît improbable que le Plaid réussisse à lui tout seul à contrer la progression d’UKIP qui bénéficie d’un élan à l’échelle du Royaume dans un contexte europhobe où, comme en Autriche récemment, les craintes d’une immigration de masse semblent influer sur les intentions de vote. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un match dans le match et que chaque nouvelle voix captée par le Plaid dans ce scrutin de listes limitera concrètement le poids d’UKIP dans la future assemblée. L’annonce des résultats officiels, vendredi prochain, dira si le Plaid a réussi à convaincre sur ce point, par conséquent, si l’alternative positive qu’il propose est entendue comme telle face à l’incarnation sans avenir mais bien réelle de la colère par UKIP.

> Christophe Kergosien

Christophe Kergosien est un ancien journaliste. Il s'intéresse aux questions énergétiques, mais aussi de démocratie locale.