Confusion à Rennes mardi midi: on ne savait plus si la maire et la préfecture voulaient faire évacuer par la force la salle de la Cité (voir notre article) ou négocier une occupation « légale ». Le savent-ils eux-même ? Alors que Nathalie Appéré rencontrait des représentants syndicaux, des dizaines de CRS bloquaient ce matin tous les accès de la salle. Un hélicoptère volait à nouveau au-dessus de la ville. La réaction ne sʼest pas faite attendre : en quelques heures, plus de 400 personnes se sont rassemblées le long des cordons de CRS pour soutenir les occupants de la Cité.
Au cours de lʼaprès-midi, les CRS abandonnent finalement le siège de la salle de la Cité. La pression des manifestants a poussé la maire de Rennes à faire une proposition claire à lʼintersyndicale : une convention dʼoccupation impliquant un respect des règles de sécurité de la salle et renouvelable tous les deux jours. A lʼheure où nous écrivons ces lignes les occupants semblent disposés à en accepter le principe, mais les discussions doivent se poursuivre dans la journée de mercredi.
Pour les occupants, la levée du siège est déjà une petite victoire politique. Une occupation durable serait un moyen dʼancrer la lutte dans le temps et de maintenir une pression continue sur le gouvernement, très au courant de la situation rennaise.
Vers midi, nous avions retrouvé Ana Sohier, élue UDB à Rennes, parmi les manifestants demandant la levée du siège. Interview.
Tu es membre de la majorité municipale à Rennes. Approuves-tu la décision dʼévacuer la salle de la Cité ?
Je pense que cette menace nʼétait pas nécessaire. Je ne trouve pas choquant que les manifestants aient choisi ce lieu emblématique de lʼhistoire des travailleurs pour se rassembler et sʼorganiser. Dans tous les mouvements sociaux, il y a des transgressions, il faut savoir les gérer. Ici, il nʼy avait à mon avis aucun danger. Jʼespère que les discussions aboutiront à un accord qui permettra aux manifestants de rester sur place jusquʼà la fin du mouvement.
Depuis quelques semaines, Rennes est en proie à une violence croissante. La tension ne cesse de monter entre manifestants et forces de lʼordre. Comment sortir de cette spirale ?
La seule solution est de renoncer la loi El Khomri. Cʼest un texte qui ne peut qu’aggraver les inégalités, tout le contraire de ce quʼon pouvait attendre de François Hollande. Il ne figurait dʼailleurs pas dans son programme. La violence est le fruit de lʼattitude dʼun pouvoir qui ne respecte pas les choix des électeurs. La Ville de Rennes se retrouve prise en otage par les décisions gouvernementales, obligée à gérer un affrontement qui risque dʼêtre de plus en plus dur. En attendant le retrait de la loi, la place dʼune municipalité de gauche est avec les manifestants, pas contre eux.