Christophe Mirmand, nouvel homme fort en Bretagne

christophe mirmand

On devrait toujours commenter lʼarrivée dʼun nouveau préfet ! Le système de domination en France passe en effet par la préfectorale, ce corps dʼÉtat dont on oublie trop souvent quʼil a plus de pouvoir que les représentants élus de la « région ». Il y a quelques jours, a-t-on appris, Patrick Strzoda a été nommé à Paris comme directeur de cabinet de Benard Cazeneuve, le ministre de lʼIntérieur. Pour Alain Le Bloas, du Télégramme, « par cette promotion au plus haut niveau du ministère de lʼIntérieur (n°2 après le ministre), [Patrick Strzoda] met ses pas dans ceux de deux de ses prédécesseurs à la préfecture de Bretagne : Claude Guéant et Bernadette Malgorn. ». Ça promet…

Le jeu des chaises musicales a donc été lancé et cʼest le préfet de Corse, Christophe Mirmand, qui a hérité de la région Bretagne (on notera dʼailleurs que Patrick Strzoda, avant dʼy exercer, venait lui aussi de Corse). Né en 1961 à Constantine, en Algérie, énarque (promotion Michel de Montaigne comme Jean-Pierre Denis, le président du Crédit Mutuel de Bretagne), Christophe Mirmand a été décoré de lʼordre national du mérite et de la légion dʼhonneur. Bref, un parfait soldat de la République.

Corse Matin explique les chantiers dont il a du sʼoccuper sur lʼîle : « Mise en place de la collectivité unique, finalisation des nouvelles intercommunalités, gestion de la crise des déchets, crise de la xylella fastidiosa, problèmes de la CCI de Corse-du-Sud (…). Les dossiers liés aux évolutions institutionnelles et à lʼéconomie ne suffisant pas, il a eu à gérer des crises à répétition dans les transports, la gestion des déchets et même au niveau sociétal, avec lʼépisode des Jardins de lʼEmpereur. »

Après quelques recherches rapides sur les positionnements de Christophe Mirmand, rien de bien original. Serviteur de lʼÉtat, il a un drapeau tricolore dans la tête, en témoigne un discours prononcé en juillet 2014, à lʼoccasion dʼune cérémonie « dʼaccueil dans la citoyenneté française », où pas un mot pour la Corse nʼa été prononcé ! La nation française est une et indivisible. Comme un cadeau, la nationalité française est offerte : « Aujourd’hui, vous accédez à la qualité de citoyen français, et c’est un événement unique dans la vie d’une femme ou d’un homme », « devenir français n’est pas une simple formalité administrative. Devenir français est un honneur. C’est endosser des valeurs, faire siennes les valeurs de la République ».

Christophe Mirmand est finalement un préfet « normal », ni meilleur ni pire dans ses prises de position quʼun autre préfet. Un pion en somme qui exprime le discours assimilateur et nationaliste de lʼÉtat français inculqué depuis toujours. Pour lui, la nation française « se caractérise par une langue, par un mode de vie et des usages ». Tel un missionnaire de la République, il prône lʼassimilation à la culture française, plaçant celle-ci, de fait, au-dessus de toute autre culture : « Il ne s’agit pas de renoncer à ce que vous êtes, mais d’élargir ce que vous êtes en vous mêlant à notre identité nationale » exprimait-il à ses hôtes en juillet 2014.

Bref, une attitude classique pour un préfet. Lʼavenir seul nous dira si ce gouverneur de province respecte ou non la population… et ses langues !

> Ar Skridaozerezh / La Rédaction

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