La session plénière du Conseil régional de Bretagne du 25 mars mettait à lʼordre du jour les questions linguistiques. Lʼoccasion de prendre le pouls de cette nouvelle assemblée. Et visiblement, quelques cartes ont été rebattues même si, hypocrisie ultime, lʼensemble des groupes politiques a voté pour le bordereau…
Parmi les nouveaux élus du Conseil régional de Bretagne, il y en a dont on sait quʼils défendent le breton depuis des lustres. Cʼest le cas notamment du député Paul Molac. Pour dʼautres, en revanche, il faut attendre ce type de session pour se faire une opinion. Lors du débat qui a eu lieu il y a quelques minutes (en lʼabsence de la vice-présidente en charge de ce sujet, Léna Louarn, endeuillée), on a ainsi pu entendre par exemple le nouveau rapporteur du budget, le malouin Stéphane Perrin. Ce dernier issu du PRG a cru bon rappeler la philosophie qui présidait à sa conduite : « je nʼai pas dʼhostilité à la signature de la Charte européenne des langues régionales car elle ne porte pas atteinte à lʼunité nationale. Notre seule réserve concerne Diwan et lʼenseignement immersif. »
Renouvelant sa position, le maire de Vannes (LR), David Robo, a rappelé quʼil était prêt à accueillir un nouveau lycée Diwan dans sa ville. De même, Isabelle Le Bal et Marc Le Fur ont, eux aussi, logiquement défendu ces thèmes comme ils y sont habitués.
De son côté, le leader du front national en Bretagne, Gilles Pennelle, a estimé que « bien évidemment, la langue bretonne fait partie de notre patrimoine ». Cherchant à cantonner le breton à lʼouest de la péninsule, ce dernier a expliqué ne pas être dans une « position extrême qui voudrait que le bilinguisme sʼimpose partout ». Puis, il expliqua la position du FN : « nous nʼacceptons pas que le bilinguisme sʼimpose dans le domaine public. La langue de la république est bien le français et à ce titre le domaine public doit être réservé au français ». Taclant son collègue Stéphane Perrin, Gilles Pennelle a également ajouté être « dans une position médiane entre la troisième République qui tapait sur les doigts des petits Bretons et ceux qui veulent nous imposer du breton partout ».
Ce débat à lʼassemblée régionale rappelle une nouvelle fois que le jacobinisme nʼa pas de couleur politique et quʼil est partagé aussi bien par des formations politiques de droite que par de gauche. Dʼun côté, des pseudo-républicains souhaitent bâillonner lʼenseignement immersif, pourtant le plus à même dʼassurer une langue bretonne vivante et non cosmétique. De lʼautre, des conservateurs qui ne voient dans le breton quʼune langue du passé qui ne peut pas se développer au motif quʼon ne lʼaurait jamais parlé dans certains endroits.
Gilles Pennelle, enseignant dʼhistoire, aime faire la leçon, mais comme Stéphane Perrin à qui il a reproché de choisir les morceaux dʼhistoire qui lʼarrangent, il oublie un peu vite que le français était très peu parlé au début du XXème siècle en basse-Bretagne et que cʼest justement parce quʼon lʼa imposé que cette langue sʼest imposée. On ne refait pas lʼHistoire et il ne sʼagit plus aujourdʼhui dʼimposer de parler breton à qui que ce soit, mais on notera avec plaisir le dynamisme de lʼécole Diwan de Fougères, la circonscription de M. Pennelle. Que ses homonymes nous pardonnent, mais « Pennelle », en gallo, veut dire « misère ». En voilà un qui porte bien son patronyme !