L’accaparement du littoral se poursuit en Bretagne-Sud. Cet accaparement se fait au détriment de la population bretonne qui n’a pas les moyens de rester vivre sur le littoral faute d’emplois durables et compte tenu du coût de l’immobilier réservé à une riche bourgeoisie citadine et souvent parisienne.
Aujourd’hui confrontées à une baisse de dotations de l’État, les communes littorales se devraient de taxer un peu plus les résidences secondaires fermées onze mois de l’année afin d’équilibrer leur budget. La loi le permet mais les élus des communes, souvent de droite, ne veulent pas se mettre à dos leurs riches administrés puisqu’ils sont élus par ces derniers. Au lieu de cela, pour équilibrer leur budget, les communes littorales préfèrent vendre et privatiser leur patrimoine.
Cela a pour conséquence d’interdire l’accès au domaine public, de faire payer cet accès, de vendre des campings municipaux à des privés. Tout cela au détriment des lois littorales de 1976 et de 1986. Autrement dit, on renforce le pouvoir des nantis sur le littoral breton et l’on exclut non seulement les Bretonnes et les Bretons de leur territoire, mais aussi les classes populaires de l’Europe entière venues profiter de la mer, des plages et des grands espaces pour se refaire une santé loin des villes, du béton et de la société de consommation qui avilit l’être humain.
Ce qui s’est passé fin mars 2016 sur la presqu’île de Quiberon est significatif de ce qui se passe réellement sur le littoral breton. À lʼheure où il serait question que les deux communes de Saint-Pierre-Quiberon et de Quiberon fusionnent en une seule, personne ne se pose la question de savoir si les habitants de St Pierre sont d’accords avec cette possible fusion. Les St Pierrois pourraient pourtant donner leur avis par un référendum comme à Belle-Ile où deux communes, Locmaria et Bangor, ont refusé, lors dʼune consultation, la fusion en une seule et unique commune. Si l’on veut faire en sorte que les décisions et la vie démocratique s’éloignent encore un peu plus des citoyens, autant tout fusionner et évacuer la démocratie une fois pour toute !
Alors que St Pierre a toujours bien équilibré son budget, Quiberon s’est endettée avec des emprunts toxiques et a eu tendance à toujours vivre au-dessus de ses moyens. Le tourisme de luxe, même s’il a créé des emplois, y a laissé des traces de la « vie facile » d’avant la crise des « subprimes » de 2008 venue des Etats-Unis.
La tendance à St Pierre Quiberon avec la nouvelle municipalité de droite est la même. Cette dernière a commencé à installer une barrière d’accès payante à Portivy, le petit port de la côte sauvage. À quand donc un port privé à Portivy comme tous les ports de plaisance du Morbihan réservés à une clientèle de plaisanciers bien étoffés ? La fermeture contre toute attente du camping de Kerhostin pour le transformer en aire de camping-cars avant débat et décision en conseil municipal a déjà mis dehors des dizaines de vacanciers des classes populaires qui venaient chaque année profiter de l’air et du soleil de la Baie de Quiberon.
Et cela n’est pas fini : à St Pierre comme à Quiberon, les parcmètres pourraient s’installer partout. Est-ce en limitant les accès que l’on pourra faire vivre les commerces, les emplois et développer un tourisme populaire ? De même, côté baie, le littoral est quasiment inaccessible. Pas ou très peu de sentier côtier, escaliers avec portes fermées descendant à des plages quasiment privées.
À la Forest-Fouesnant, la situation était la même, mais les associations pour le libre accès au littoral ont obtenu gain de cause. La municipalité de St Pierre Quiberon nʼa pas osé s’attaquer à ces privilèges alors que la loi littoral rend obligatoire la bande des 3 mètres et ce, depuis le 31 décembre 1976. Aux riverains richissimes de garantir les trois mètres obligatoires le long de la côte, sinon à eux de payer les platelages extérieurs comme à la Forêt-Fouesnant.
Ces pratiques à Saint-Pierre-Quiberon comme ailleurs, sont la résultante d’une économie essentiellement saisonnière. À quand des emplois durables sur la commune pour les jeunes ? Les idées existent, mais le budget ne suit pas, l’État préférant développer le Grand Paris. LʼÉtat centralisé ne considère le littoral que comme une zone de villégiature alors que la mer a des ressources potentielles non mises en valeur mais créatrices d’emplois durables.
Que vont faire les nouveaux élus régionaux où sont absents autonomistes et écologistes face à cette nouvelle colonisation qui ne fait que s’étendre depuis les années 1970 ? Beaucoup de gens de gauche n’ont pas compris que la domination capitaliste est toujours là et qu’elle s’accentue au détriment des plus humbles, les petites classes sociales privées de vacances et les Bretonnes et les Bretons exclus de leur propre pays et privés de leur culture.