Dans un tweet tout à fait savoureux de lʼÉlysée, celui-ci nous apprend que le « système colonial niait lʼaspiration des peuples à disposer dʼeux-mêmes ». Cette phrase, cʼest François Hollande qui lʼa prononcée le 19 mars dernier. Lʼemploi de lʼimparfait tendrait à démontrer que lʼÉtat actuel nʼest pas colonial. Selon Margaret Kohn (dans Lʼencyclopédie de philosophie de Stanford), « le colonialisme est une pratique de domination qui met en jeu la domination dʼun peuple par un autre ». Or, à ce jour, aucune des cultures minorisées de lʼhexagone nʼest reconnu par lʼÉtat. Le Premier Ministre lʼa très bien rappelé en parlant des Alsaciens et des Corses : ils ne constituent pas des peuples ! Cette « vérité » venue dʼen haut sʼapplique aux Bretons comme aux Basques, aux Martiniquais comme aux Guadeloupéens. La France est « une et indivisible », loin du fédéralisme.
La méthode est simple en réalité : il suffit de pouvoir définir qui est un peuple et qui ne lʼest pas. Dès lors, on reconnaît lʼaspiration des peuples à disposer dʼeux-mêmes ! Ce petit tweet en dit long sur lʼautoritarisme de lʼÉtat français. Morvan Lebesque, dans les colonnes du Peuple breton en juin 1968 disait quʼ« il y a toujours eu dʼun côté la France et de lʼautre, lʼÉtat français. Cet État revêt des formes plus ou moins autoritaires mais sa constante est la domination dʼun système sur un pays. Domination physique (le centralisme politique et administratif) et domination intellectuelle (la falsification de lʼHistoire, lʼassassinat des cultures minoritaires, etc.). Qui ne comprend pas que la France entière est une colonie de lʼÉtat français ignore le sens profond de la révolution de mai 1968 – de ces États Généraux qui ne sont levés partout dans une exigence unanime, lʼautonomie de gestion, la responsabilité à la base ».
On a beau jeu de rabâcher que la France est une « république ». On peut se gargariser de mots autant que lʼon veut, mais il sʼagirait un jour dʼen faire des actes. Et quand la république fonctionne comme une monarchie, le souffle révolutionnaire se fait attendre. Oui, nous sommes un peuple ! Nous sommes un peuple adulte qui, sans demander lʼautorisation, doit user de ses droits (non pas français, mais internationaux). Quitte à paraître extrêmistes, il faut le dire : lʼÉtat français est colonial, il prétend gérer depuis Paris, il prétend administrer, il prétend donc dominer.
Notre conception de la démocratie est tout autre…