Négociations à la Cooperl de Lamballe…

Remise de chèque cooperl

Pour le second déplacement UDB à Lamballe, en soutien aux ouvriers de la Cooperl en grève depuis le 25 février, les lieux étaient étrangement calmes. La direction avait en effet exigé des ouvriers quʼils quittent les abords de lʼusine et de la direction comme conditions sine qua non à la négociation. Depuis 10h30, les représentants syndicaux ont donc négocié, une première historique pour cette entreprise ! Dʼaprès nos sources, M. Commault aurait effectivement reçu des pressions des adhérents de la Cooperl, à savoir les producteurs de porcs eux-mêmes que cette grève pénalise. Devant le siège, les journalistes patientent…

Le personnel, quant à lui, est à quelques centaines de mètres plus loin, sur le parking dʼun magasin, attendant avec impatience le verdict. Nil Caouissin, le porte-parole de lʼUDB, a remis à un délégué syndical les 212 € récoltés par lʼUDB pour la caisse de grève lors de la manifestation du 9 mars. « Si la caisse de grève est suffisamment fournie, nous aiderons financièrement ceux et celles qui se sont le plus mobilisés » explique un des grévistes.

En recueillant les témoignages des uns et des autres, un ouvrier nous apostrophe : « vous avez du courage de venir de Rennes ! ». Cʼest Denis, un homme que nous avions rencontré lors de notre premier passage, lundi dernier. La modestie ouvrière nous laisse bouche-bée : voilà des gens qui font grève depuis des jours, qui sont victimes de menaces permanentes par le patron, qui passent leurs journées dehors, dans le froid et sous la pluie, et qui trouvent que manifester du soutien en faisant quelques kilomètres est courageux !

Lʼambiance chez les ouvriers est bonne même si beaucoup sont fatigués et anxieux. « De toute façon, on ne regrette pas notre mouvement, nous dit une des manifestantes de la première heure. Nous avons fait de belles rencontres, passé de bons moments et nous avons soudé lʼéquipe. Moi, je nʼen peux plus de la Cooperl. Sʼil y avait un plan de licenciements, je le prendrais de suite ! ». Les négociations tournent autour du treizième mois et de la prime dʼancienneté, mais il est vrai que les ouvriers aimeraient aussi pouvoir compter sur de meilleures conditions de travail et notamment des cadences réduites. « Nous avons théoriquement une pause de 16 minutes. Quand on arrive à sʼasseoir 7 minutes, cʼest un record » explique une autre salariée.

Lʼopinion publique peine en effet à imaginer ce quʼest le travail dans un abattoir. Comme de nombreuses usines, le travail est caché et ce qui se passe à lʼintérieur regarde surtout ceux qui y travaillent. Or, la Cooperl, cʼest 10000 porcs par jour sur le seul site de Lamballe, 50000 à la semaine. De quoi donner le tournis !

Sur le point de partir dans une salle à Maroué pour y tenir une assemblée générale, lʼun des gréviste reçoit un SMS : « ancienneté ok, on négocie le treizième mois ». Rappelons que lʼenjeu de la victoire, pour ces ouvriers en grève depuis plus de 10 jours, cʼest uniquement le maintien des acquis sociaux ! Honte à M. Commault.

Les propositions de la direction sont sorties :

  • Maintien des modalités actuelles de calcul de la prime dʼancienneté.

  • Dès mars, nouvelles négociations sur les conditions de travail et le respect des salariés.

  • Dès mars, nouvelles négociations sur la structuration de lʼensemble des primes.

  • Étalement sur 6 mois des pertes de salaires de mars du fait du mouvement de grève.

Réunis en Assemblée Générale, les grévistes étudient en ce moment même ces conditions et doivent les voter.

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]