OGM. Le peuple burkinabè (toujours) pour un moratoire

rencontres internationales des résistances aux OGM

En mai dernier, Le Peuple breton relayait dans ses colonnes la marche mondiale contre Monsanto et pour la souveraineté alimentaire organisée à Ouagadougou par le Collectif citoyen pour lʼagro-écologie (CCAE) et qui fut un véritable succès. Le collectif avait alors remis au gouvernement de transition un mémorandum qui concluait par la demande dʼun moratoire de 10 ans sur lʼutilisation dʼOGM au Burkina Faso, « ceci afin que des travaux de recherches scientifiques indépendant puissent statuer de leurs conséquences sanitaires, écologiques et agricoles ». Cette demande de moratoire, le collectif souhaite quʼelle soit entendue par le nouveau gouvernement et étendue à toute lʼAfrique.

Dans un communiqué daté du 1er mars, le CCAE explique en effet que lʼinformation est floue concernant un abandon possible du coton Bt au Burkina Faso. « Les informations diffèrent parfois selon les médias et ne publient pas toujours leurs sources » explique-t-il avant de faire un rappel : « le coton OGM, dit coton Bt, a été introduit par Monsanto au Burkina Faso avec la complicité du régime de Blaise Compaoré. Malgré la mise en garde de nombreuses organisations de la société civile et de scientifiques, le coton Bt a été mis sur le marché en 2009 par Monsanto, qui promettait des rendements et une qualité supérieure. Aujourdʼhui, nous pouvons être certains que ce coton Bt est de mauvaise qualité. La qualité et la longueur de la fibre ont baissé significativement par rapport au coton non GM burkinabé qui avait une excellente réputation sur le marché mondial. Cela est affirmé par les paysans, syndicats agricoles, et entreprises burkinabè du secteur. Le secteur coton burkinabé aurait perdu plus de dix milliards de FCFA depuis lʼintroduction du coton Bt ! Monsanto a dupé le peuple avec la complicité de ceux quʼil a financé ».

La multinationale Monsanto est accusée par le collectif de ne pas avoir respecté ses engagements et dʼavoir « introduit le coton Bt sans avoir suffisamment de garanties ». Pour le CCAE, « lʼintroduction des OGM est toujours motivée par les intérêts économiques des multinationales, ces multinationales ne se préoccupent pas des conséquences sanitaires, économiques et écologiques, souvent catastrophiques, qui touchent les producteurs et les peuples » et « les instituts de recherches financés par les multinationales comme Monsanto ne sont pas fiables, leurs résultats vont dans le sens de ceux qui les financent et non dans lʼintérêt du peuple ». Le collectif soupçonne également Monsanto de travailler à proposer un nouveau coton Bt, prétendu « amélioré » et de financer des recherches pour étendre la production OGM au niébé, au sorgo et au maïs.

Le collectif sʼinterroge aussi sur les « dédommagements » réclamés par la filière cotonnière burkinabè : « est-ce que ce sont les paysans, victimes des OGM, qui seront dédommagés ou seulement les sociétés cotonnières, dans le but de les amener à poursuivre leur partenariat avec Monsanto ? ».

« [Le moratoire] est depuis ces dernières années clairement la cible de multinationales qui ne voient dans lʼalimentation des peuples quʼun marché à contrôler », explique le CCAE. Aussi, ce dernier lance une mobilisation dès le 4 mars, date à laquelle partira une caravane de Ouagadougou jusquʼà Dakar en passant par le Mali. « Cette caravane rassemblera des représentants de 15 pays dʼAfrique de lʼOuest et portera au siège de lʼUEMOA, de la CEDEAO et auprès des autorités politiques de chaque pays ses revendications » explique le CCAE. Du 22 au 24 avril auront ensuite lieu les « Rencontres internationales des résistances aux OGM » à Ouagadougou.

> Ar Skridaozerezh / La Rédaction

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