Depuis le 22 février, des milliers de Kurdes mènent une « grève assise » en face du Conseil de lʼEurope, à Strasbourg. Au départ, près de 4500 venus de toute lʼEurope, ils sont aujourdʼhui toujours 1500 pour « dénoncer le silence des institutions européennes » face à lʼopération menée par Ankara dans la ville de Cizre, dans le sud-est de la Turquie, mais aussi à Diyarbakir. La Turquie fait en effet partie des membres du Conseil de lʼEurope.
Rappelons que même si la France reconnaît lʼexistence des Kurdes dans le conflit, sa diplomatie reste principalement liée aux États-Nations parmi lesquels la Turquie figure en bonne place alors quʼelle est aujourdʼhui le principal soutien de lʼÉtat islamique du fait du commerce entretenu entre eux.
Une députée du HDP, Sibel Yiğitalp, a dʼailleurs écrit un appel aux organisations internationales. « Je vous écris cette lettre du district de Sur, dans le centre historique de Diyarbakir, qui est actuellement bombardé par les forces armées turques. Depuis août 2015, Sur a été soumise à 6 couvre-feux décrétés pour des durées indéterminées, en application de la stratégie militaire du gouvernement turc de l’AKP [ndlr : parti du président turc] consistant à réprimer par les armes les revendications politiques du peuple kurde. Le dernier couvre-feu qui est en cours depuis le 11 décembre 2015 a coûté la vie à plus de 100 civils. Les tirs d’artillerie sur les différents quartiers du district ont par ailleurs entraîné la destruction d’une grande partie des habitations et du patrimoine historique, et provoqué le départ forcé de dizaines de milliers d’habitants » explique-t-elle avant de poursuivre : « je lance cet appel en raison de l’imminence d’un nouveau drame. Tandis que l’offensive des forces armées turques continue avec la même intensité, nous avons été informés du fait que plus de 200 personnes étaient piégées dans des sous-sols où elles s’étaient réfugiées pour se protéger des tirs d’artillerie. Nous avons la confirmation que ces personnes sont quasiment toutes des civils parmi lesquels se trouvent au moins 20 enfants. Durant les 7 derniers jours, j’ai, avec plusieurs autres députés de Diyarbakir, contacté toutes les instances et les représentants du gouvernement dans la ville pour demander l’ouverture d’un couloir d’évacuation afin de permettre aux civils de quitter en sécurité les zones visées par les opérations militaires. Malheureusement, toutes nos requêtes sont demeurées sans réponse ». Cʼest ce couloir que réclame les manifestants par le biais de cette « grève assise ».
Un silence reviendrait à soutenir la politique d’Ankara et les manifestants sont décidés à continuer leur mouvement si rien ne bouge…