La décision a été prise par la préfète du Pas-de-Calais : la partie sud de la jungle doit être démantelée. Toutefois, sept associations agissant sur place ont décidé conjointement d’attaquer cette décision devant le juge administrative par un recours en référé. La juge du tribunal administratif de Lille, qui est venu découvrir les lieux hier, doit rendre son verdict dans la journée ou demain.
Avec ce démantèlement de la partie sud de la jungle, le gouvernement souhaite se blanchir. L’opération en trompe l’œil de relogement ne convainc personne : il reste 500 places dans les containers mis en place (dont le coût s’élève à 18 millions d’euros !) alors que c’est 3 500 réfugiés, dont 300 mineurs isolés, qui vivent actuellement dans la zone sud et sont concernés par le démantèlement. Pourtant, les associations locales ont beaucoup travaillé pour améliorer les conditions de vie dans la « jungle », en construisant notamment des baraquements en bois, à la place des tentes dans lesquelles dormaient les migrants. Ce n’est pas un logement 3 étoiles, mais au moins les migrants ne dorment pas dans la boue, peuvent se faire à manger, et sont au chaud.
Sous la pression de Nathalie Bouchart, maire de Calais (Les Républicains), des milliers de réfugiés se retrouveront à vivre à nouveau entassés, dans la boue, ou même dans les rues de Calais. C’est là le paradoxe de cette solution de relogement très partiel : les risques de rencontres (et donc d’affrontements) dans les rues de Calais vont être renforcés.
La décision de la juge du tribunal administratif sera lourde de conséquences. Il est évident que la jungle ne peut rester en l’état éternellement, mais les associations locales comme Utopia56 ou L’auberge des migrants estiment que le moment est prématuré, et que les réfugiés doivent obtenir une situation d’hébergement stable et pérenne. Les dés sont jetés…