Les langues dites “régionales” persona non grata

ti gar lannuon

On commence à connaître la musique : après quelques débats, la nouvelle proposition de loi en faveur des langues régionales proposée par Paul Molac a été rejetée, à une voix près, la nuit dernière. Ce texte proposait que l’enseignement immersif (calandreta, diwan…) soit protégé, reconnu et financé ; que l’enseignement public bilingue puisse se développer ; que les langues régionales soient visibles et présentes dans la signalétique, que ce soit sur les routes mais aussi dans les lieux publics comme les gares. Et enfin que l’on puisse voir davantage de programmes en langues régionales sur les médias.

Un vote défavorable donc alors que les défenseurs de ce texte avaient trouvé le moyen, à plusieurs reprises, dʼimposer leur avis contre celui du gouvernement. Hélas, le texte sur « lʼenseignement immersif des langues régionales et leur promotion dans lʼespace public et audiovisuel » a été repoussé par 14 voix contre 13. Vous avez bien lu ! 27 voix au total auxquelles il faut ajouter une abstention soit 28 personnes en tout et pour tout dans lʼhémicycle. Et le détail du vote nous apprend que toutes les voix contre étaient issus des rangs du PS ! Et surtout que des députés absents ont pu voter en toute légalité…

Alors que le parti majoritaire dénonçait il y a quelques mois les manœuvres des Républicains à ce sujet, le procédé a été exactement le même hier ce quʼa évidemment relevé le député des Républicains Marc Le Fur qui a lancé aux socialistes : « cette ultime manœuvre ne vous grandit pas ». Et malgré le fait que les voix favorables étaient majoritaires dans la salle, bizarrement, le vote est négatif ! Dans un tweet très sobre, Paul Molac a estimé que cet « usage dʼun artifice du règlement » nʼétait « pas à la hauteur de lʼenjeu ». Ce dernier, fraîchement élu au Conseil régional de Bretagne, aura en effet fort à faire désormais pour maintenir une politique linguistique digne de ce nom maintenant que les rapports de force ont changé : le PRG a remplacé lʼUDB, les jacobins comme Sébastien Sémeril (par ailleurs conseiller municipal de Rennes) ou Marc Coatanéa ont fait leur entrée et Le Drian nʼa pas la disponibilité nécessaire pour imposer ses vues sur ce sujet au quotidien.

Mais la grande question reste de savoir où étaient les députés du PS breton pour un enjeu aussi important. Quant il sʼagit de promettre à ce sujet, ceux-ci sont unanimes, mais quand il sʼagit de voter, cʼest une autre histoire. Courage, fuyons…

> Ar Skridaozerezh / La Rédaction

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