Catalogne. Pas de gouvernement.

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Artur Mas durant la campagne de Junts Pel Si.

Fin septembre, les indépendantistes catalans ont recueilli 72 sièges sur 135, mais divisés entre deux formations : Junts Pel Si, une coalition allant de la gauche au centre-droit et réunissant notamment ERC et CDC, et la CUP, un parti dʼextrême-gauche catalan.

Afin de former un gouvernement, la CUP, qui avait promis de ne pas faire obstacle à lʼindépendance, devait se prononcer sur son soutien ou non à lʼancien président de la Generalitat, Artur Mas. Après le scénario improbable du premier vote où les deux tendances (lʼune favorable à lʼinvestiture dʼArtur Mas et lʼautre non) étaient arrivées ex-equo (voir ici), la CUP a finalement fait son choix. Dimanche dernier, ses militants ont refusé lʼinvestiture à Artur Mas rendant impossible une coalition et donc la formation dʼun gouvernement. Il manque en effet 6 sièges à Junts Pel Si pour gouverner seul.

Selon Sergi Saladié, géographe de lʼUniversité de Tarragone et membre de la CUP, « cela ne ferme pas la porte à une candidature dʼun autre candidat », mais celle-ci doit être trouvée dʼici le 9 janvier, date limite au-delà de laquelle de nouvelles élections devront être organisées. Junts Pel Si dont le candidat était Raül Romeva refuse de satisfaire la CUP sur ce point estimant leur avoir donné suffisamment de gages à commencer par une résolution parlementaire annonçant le lancement du processus dʼindépendance. Equinox radio rapporte également que « Junts Pel Sí avait proposé à la CUP, en échange de l’investiture d’Artur Mas, un plan de choc social avec un SMIC à 1000 euros, l’arrêt du projet Barcelone World (grand complexe de casinos qui doit voir le jour près de Port Aventura), l’arrêt des expulsions immobilières et la cantine gratuite pour un plus grand nombre d’enfants ». Des mesures sociales qui avait fragilisé Artur Mas dans son propre camp. Cela ne suffisait visiblement pas. On peut penser que le vote négatif envers Artur Mas repose également sur le fait que ce dernier soit pro-européen ce qui nʼest pas du goût dʼEndavant, une des organisations qui composent la CUP.

Quoi qu’il en soit, cette décision vient mettre un coup dʼarrêt brutal à un processus entamé. De quoi rassurer Madrid ! Cʼest aussi un gros pari pour la CUP en cas de nouvelles élections : les indépendantistes réussiront-ils à relancer la machine ? Parviendront-ils à gagner à nouveau les élections ? La coalition Junts Pel Si perdurera-t-elle ? Quel ressenti auront les Catalans vis-à-vis du vote de la CUP ? Autant de questions dont on connaîtra les réponses en mars lors de nouvelles élections… à moins de trouver un candidat consensuel dʼici le 9 janvier ?

> Gael Briand

Journaliste. Géographe de formation, Gael Briand en est venu au journalisme par goût de l'écriture et du débat. Il est rédacteur en chef du magazine Le Peuple breton depuis 2010. Il a également écrit « Bretagne-France, une relation coloniale » (éditions Ijin, 2015) et coordonné l'ouvrage « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles » (Skol Vreizh, 2015). [Lire ses articles]