Sur le site du collège de Keranroux, le principal Gilles Cornillet indique vouloir « tourner une page dʼimportance en proposant au vote le changement de nom de lʼétablissement ». Car malgré une collège qui sʼest modernisé, malgré de bons taux de réussite au brevet, celui-ci est, selon lʼarticle, « agacé de la sale étiquette qui pendouille aux vieux oripeaux de son collège et qui aurait dû se décoller depuis des lustres ».
La solution, pour Gilles Cornillet, consiste à changer de nom à lʼinstar de ce qui a été fait pour le lycée « Kerichen » (aujourdʼhui appelé « La Pérouse-Kerichen ») dans cette même ville de Brest. Selon lui, le collège de Keranroux est en effet géographiquement invisible car « personne ne sait où est Keranroux » et est accolé à lʼimage dʼun « réseau d’éducation prioritaire parce que les stats disent que nous avons plus d’élèves boursiers, plus d’élèves avec du retard en sixième ». Résultat, il propose au vote le nom du quartier dʼà côté : la Fontaine-Margot « parce que tout le monde sait où c’est, parce que le nouveau quartier sera vert et basse consommation ». Lʼobjectif : « plus de mixité sociale » étant entendu que « 26 % de parents demandent des dérogations pour ne pas venir à Keranroux ».
Le problème nʼaura échappé à personne : en supprimant un lieu-dit en langue bretonne, on supprime lʼhistoire du lieu. La toponymie nʼa guère de sens pour des gens déconnectés des territoires, mais elle conserve son utilité pour tous ceux qui parlent (encore) breton. Qui plus est, prétendre transformer la réputation dʼun établissement en changeant son nom est un tour de passe-passe que dʼautres chefs dʼétablissement ont essayé sans succès. À Lorient, le collège de « Kerolay » devenu « Anita Conti » peut en témoigner…
Du 16 au 21, sur le logiciel Pronote, pourront voter ceux qui voudront : « les 350 élèves. Leurs deux parents. Les profs. Les personnels. Les AVS. « Tous ceux qui vivent ici » » explique le proviseur. Si ce nom est choisi, il le portera devant le Conseil départemental, seul habilité à un changement officiel de nom. On verra alors à quoi tiennent les engagements politiques en faveur de la promotion de la langue bretonne.