Le roman de la Révolution raconté aux citoyens français parle d’abolition des privilèges le 4 août 1789. Il leur est donné chaque jour de constater que les privilèges « abolis » ne l’ont été que très partiellement et très superficiellement. Si leurs titulaires ont parfois été raccourcis, d’autres privilèges ont remplacé ou complété les anciens. Les statistiques de revenus et les cartes en rendent compte surabondamment.
La centralisation, considérablement renforcée à partir du milieu de 19ème siècle par l’industrialisation des transports, a permis et permet toujours de constituer des fortunes considérables et de les alimenter au détriment du grand nombre et des territoires mal reliés entre eux et en interne. Les grandes fortunes franciliennes y trouvent leur origine, sur la base d’une concurrence complètement faussée.
À ce premier privilège, ses bénéficiaires ajoutent la complexité et l’opacité d’un système financier et fiscal qui leur permet de mettre « leurs » biens à l’abri d’une légitime redistribution. L’évasion fiscale vient ainsi ajouter une protection discrète mais efficace au privilège de la richesse.
L’idéologie jacobine, forme historique la plus répandue du nationalisme français, recouvre pieusement ces inégalités organisées du manteau juridique de la République, incarnation de l’unité nationale.
Et, de fait, la fonction première de l’ordre jacobin apparaît de plus en plus clairement être de permettre à ce système de perdurer en privant de légitimité ceux qui auraient intérêt à le remettre en cause, comme des régions conscientes de leurs atouts et de leurs capacités propres de mobilisation. La « réforme territoriale » de 2014 a été à cet égard un grand moment de mise en lumière.
Une région choisie par ses habitants est un danger pour les bénéficiaires des nouveaux privilèges. C’est au tour de ces privilèges d’être abolis, et c’est pour moi une raison de plus de voter le 6 décembre pour la liste « Choisir nos régions », conduite par Gilles Denigot [ndlr : dans la région dite des « Pays de la Loire »].