
Jean-Yves le Drian, ministre et candidat, lʼavait promis, sʼil devait être élu, il quitterai son ministère pour être président de la Région Bretagne à plein temps. Cʼétait sans compter sur les attentats de Paris. Quant au programme que sa liste doit porter, à deux semaines du premier tour des élections il reste bien flou…
Jean-Yves le Drian avait laissé tarder son choix dʼêtre ou non le candidat du PS pour les élections régionales en Bretagne administrative, alimentant les spéculations jusquʼà agacer par lʼattente quʼil ménageait. Ce nʼest donc que tardivement quʼil sʼest déclaré comme candidat, promettant de quitter son ministère sʼil devait être élu. La donne a désormais changé depuis les attentats de Paris. « Les circonstances dramatiques que nous traversons mʼobligent à me concentrer sur ma mission de ministre de la Défense et chaque Breton le comprendra » a déclaré le ministre-candidat dans un communiqué. Il semble en effet évident que la situation nʼest pas à un reniement ministériel.
Jean-Yves le Drian sʼest mis dans une situation complexe en faisant le choix dʼêtre ministre-candidat dans une période où la situation internationale est tendue et les risques d’attentats notables. Il a pris le risque de ne pas pouvoir tenir sa parole. Au vu des événements terribles qui on eu lieu, cʼest désormais le cas. « Si les Bretonnes et le Bretons mʼaccordent leur confiance, et tant que le Président de la République estimera nécessaire ma présence au gouvernement, je mʼappuierai sur mon équipe, pendant cette phase intermédiaire et exceptionnelle, pour assurer la bonne marche de la Région Bretagne » déclare t-il désormais.
En clair, Jean-Yves le Drian restera ministre sʼil est élu et déléguera sa présidence à un autre conseiller régional en attendant son retour de Paris. Tout laisse à penser que son remplaçant serait son directeur de campagne, Loïg Chesnais-Girard, et que la réelle prise de fonction ministre en tant que président de Région nʼaura pas lieu avant 2017. De fait, toutes les réunions publiques du ministre-candidat sont annulées. Déclaré candidat tardivement et désormais en incapacité de battre campagne, le tête de file du PS aux élections régionales en Bretagne administrative nʼaura été que bien peu présent.
Quant au programme porté par sa liste, il reste pour le moins flou à quinze jours du premier tour des élections. « Treize engagements pour la Bretagne [administrative] » ont été pris mais ne figurent pas sur le site du candidat. Cʼest dans un article de Ouest-France que lʼon peut finalement les découvrir. Le journaliste nʼy parle plus dʼengagements mais de « priorités » que sont « un renouveau économique, les transports, le soutien à lʼagriculture, lʼéquilibre des territoires, les filières marines, lʼenseignement supérieur et la recherche, lʼautonomie énergétique, lʼapprentissage et la formation, les lycées, la culture, le numérique, la transition écologique et lʼattractivité de la Bretagne ». Étrangement, ces engagements/priorités ressemblent fort à une simple liste des compétences dʼun conseil régional. Quelles sont les propositions ? Où sont les mesures précises ? La seule visible publiquement est la volonté de création « dès 2016 » dʼun « fonds dédié aux nouveaux modèles économiques » devant permettre de « financer des PME innovantes ne trouvant pas aujourdʼhui le financement nécessaires ». Le temps presse et le programme tarde à être totalement dévoilé, pénalisant par conséquent tous les autres candidats puisque le débat nʼa pas lieu.
Cette situation nʼest, pour autant, pas tellement étonnante puisque depuis le début de la campagne des régionales, le programme du PS, cʼest en réalité Jean-Yves Le Drian lui-même. De la mise en scène de son « retour » en Bretagne administrative, qui aura été savamment orchestrée aux autocollants « I love JY », cʼest le candidat qui prime sur les idées. Désormais, il incarne dʼune part au niveau régional lʼhomme qui peut « sauver » la Région de la droite, de lʼautre au niveau national le ministre qui agit pour protéger les français. Reste à savoir si cʼest ainsi que les électeurs verront les choses…
Le jour même de la publication de notre article, le PS a sorti son programme. Par honnêté intellectuelle, nous le publions ici.