Les attentats qui ont frappé Paris le 13 novembre ont d’ores et déjà des conséquences dans la politique intérieure française. Quelques minutes après le drame, François Hollande instaurait l’état d’urgence sur tout le territoire métropolitain. Depuis cette nuit, un décret a étendu le dispositif sur les territoires d’outre-Mer que sont la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, La Réunion, Mayotte, Saint-Barthélemy et Saint-Martin pour une raison de « cohérence nationale ». Le jacobinisme français est décidément sans limite, mais passons…
L’état d’urgence est un dispositif exceptionnel. On peut tout à fait comprendre qu’il ait été activé par le Président de la République suite à un drame inédit, mais son extension tant dans l’espace que dans le temps pose des problèmes d’éthique et de démocratie. Parmi eux, le problème de la liberté de la presse que soulève un communiqué du Syndicat national des journalistes (SNJ) daté du 18 novembre. Pour le SNJ, « le légitime souci de sécurité ne doit pas justifier des mesures inutiles et dangereuses pour le citoyen et la démocratie, notamment en matière de liberté d’expression et d’information. »
Bien que la presse ne soit pas concernée par les restrictions officielles, le SNJ s’inquiète en effet du « zèle de certains représentants des autorités ces derniers jours [qui] laisse déjà entrevoir la multiplication de dérapages et d’initiatives malencontreuses, conduisant à restreindre la liberté d’informer, au prétexte de l’état d’urgence ». Et de continuer : « Ici le refus d’une préfecture de communiquer des informations sans rapport avec les événements, là une interdiction totalement injustifiée de filmer des commerces, assortie du contrôle des papiers des professionnels. Et dans de nombreux départements, lundi, des directives très strictes des rectorats, interdisant l’accès des médias aux établissements scolaires au moment de la minute de silence ».
Que les attentats de novembre mènent à une restriction de la liberté d’expression défendue becs et ongles en janvier 2015 serait pourtant un comble. Face à la peur, les belles idées s’envolent souvent assez vite et le citoyen est généralement prêt à faire des « concessions ». Espérons que ce type de restrictions ne sera pas acceptée par tous ceux qui, à l’époque, scandaient « je suis Charlie » !