Pourquoi ai-je été gêné par le discours de François Hollande devant les députés et sénateurs ? Est-ce là lʼunique réponse aux attentats barbares ? Quid de mesures concernant lʼéducation, lʼemploi, la répartition des richesses ? Oui, il fallait une réponse forte et lʼaction des forces de police est légitime suite aux attentats de vendredi dernier. Mais, scander lʼunité nationale autour dʼune déclaration de guerre, cʼest aller trop facilement vers des solutions proposées par la droite et le FN. Sans doute certaines mesures sont-elles nécessaires. Mais lʼarsenal des mesures ne peut être monolithique ou alors on ne pourra répondre à cette question : pourquoi de jeunes français musulmans plongent dans lʼislamisme radical ?
Être de gauche, cʼest aussi penser quʼà des situations complexes, il faut travailler à des solutions complexes, dans le moyen et le long terme. Dans un autre champ : quid dʼactions contre les États du Moyen-Orient qui soutiennent en sous-main Daesh, notamment par lʼachat de son pétrole ? Quid dʼun questionnement sur notre industrie de vente dʼarmes ? Entre refus de lʼangélisme et de la démagogie, comme a pu le dire Johanna Rolland [maire de Nantes] sur les questions de sécurité, il y a un chemin qui doit aussi remettre au centre de nos débats le vivre-ensemble, la cohabitation entre nos communautés, la fraternité de la devise républicaine, lʼéthique de nos relations commerciales.
Enfin, la France, ce nʼest pas que Paris, ce sont aussi des territoires qui ont le sentiment dʼêtre délaissés : ces banlieues au large du périphérique parisien, ces camps de réfugiés ou de Rroms, ces campagnes loin des noeuds ferrovaires ou routiers, ces périphéries culturelles où il faut se battre pour faire reconnaitre ces spécificités culturelles ou lingusitiques. À lʼheure où les nationalismes se réveillent en France – en Bretagne aussi malheureusement, avec le défilé dʼAdsav – le Contrat social ne peut pas nʼêtre quʼune somme dʼactions policières. Au premier dérapage, la barbarie de ce week-end sera oubliée et le FN aura, lui, engrangé de nouvelles voix.