De la discrimination linguistique dans la Constitution française…

Sʼil fallait une nouvelle preuve de la collusion des jacobins de toutes chapelles pour priver les Bretons de réels droits politiques et culturels, le dernier épisode de la farce « hollandaise » autour de la ratification de la Charte européenne des Langues régionales pourrait bien lʼapporter.

Le fait que, pour bloquer le projet de réforme adopté par lʼAssemblée, la majorité sénatoriale de droite sʼappuie notamment sur la Constitution modifiée en 1992 à lʼinitiative de François Mitterrand (« La langue de la République est le français ») ne manque pas de retenir lʼattention de lʼobservateur. Mitterrand, vous connaissez ? Lʼhomme du discours prometteur mais déjà mensonger de Lorient pendant la campagne de la présidentielle de 1981.

Lʼobservateur voit son interrogation épaissir en lisant que la majorité sénatoriale, en écartant la révision constitutionnelle, se donne le plaisir (sadique ?) dʼesquisser un projet de loi ordinaire qui lui conviendrait mieux. Comment imaginer quʼune loi ordinaire se rapprochant des possibilités offertes par la Charte nʼencourrait pour les mêmes raisons le courroux des intégristes jacobins et des institutions où ils disent le droit ?

La vérité à crier est que si la France a introduit la discrimination linguistique dans sa Constitution, cʼest précisément pour se donner à elle-même le droit de discriminer dans ses lois ordinaires et dans sa pratique administrative quotidienne.

> Michel FRANCOIS

Michel François habite Saint-Herblain où il fut élu municipal de 2004 à 2012. Pilier de l'UDB en Loire-Atlantique, il écrit régulièrement sur son blog: http://stervlan-mf.over-blog.com/