La liste du candidat socialiste Jean-Yves Le Drian a été présentée cette semaine. Plutôt bien ciselée, elle compte Ollivier Allain, le président de la Chambre dʼagriculture des Côtes dʼArmor, véritable coup de pied de lʼâne à Marc Le Fur, Paul Molac, député de Ploërmel, Roland Jourdain, vainqueur de la Route du Rhum, mais aussi et surtout beaucoup dʼapparatchiks (attachés parlementaires ou jeunes loups du PS) ce qui fait rager sa base. Jeu des courants interne au PS oblige, celui que nombreux qualifient de « décentralisateur » a du faire place sur sa liste à ses pires détracteurs en région, ceux qui nʼhésitent pas, lorsquʼil est à Paris, à lui savonner la planche espérant ainsi récupérer son pouvoir en Bretagne. Même Marylise Lebranchu et sa réforme territoriale catastrophique sont de la partie ! Pire, des accords nationaux lʼont obligé à reprendre le PRG, lui qui avait pris la décision de les mettre à lʼécart en 2010. Jean-Yves Le Drian sait effectivement « rassembler »… girondins et jacobins !
Heureusement pour le Ministre de la Défense, son concurrent direct, Marc Le Fur, est inexistant et semble miser sa campagne sur des enjeux ultra-locaux plutôt que de nationaliser le scrutin. Quʼà cela ne tienne : cʼest la presse qui va sʼen charger ! Les médias de toute la France ont en effet les yeux braqués sur Jean-Yves Le Drian. Après avoir fait durer le plaisir en différant sa prise de décision, il sʼest finalement décidé à revenir faire campagne, avec la bénédiction du Président de la République. Mais alors que la règle de François Hollande était le non-cumul, lui reste ministre. Et nʼen déplaise aux journalistes parisiens qui ne comprennent pas que lʼon puisse troquer un poste au gouvernement contre une présidence de région au pays des artichauts, ce qui va se jouer en décembre dépasse légèrement la Bretagne.
Car si Jean-Yves Le Drian a expliqué quʼil respecterait la règle de non-cumul, rien nʼindique quʼil siègera à la Région. Tous les Bretons savent (et les derniers sondages le confirment) que Jean-Yves Le Drian sait gagner les élections. Et à lʼheure où la popularité du ministre est au plus haut, est-il si rocambolesque de considérer que les ambitions du Ministre de la Défense dépassent peut-être la présidence de Région ? Que Manuel Valls le tacle régulièrement en interne devrait nous mettre la puce à lʼoreille… et une victoire en Bretagne, surtout si cʼest la seule région à être maintenue à « gauche », pourrait signifier une ascension ministérielle. Au-dessus de Ministre de la Défense, il y a quoi déjà ?
Si un tel scénario voyait le jour, Jean-Yves Le Drian devrait alors trouver un remplaçant à la tête de la Région Bretagne dont le rôle serait de lui succéder… en 2021 ! Loig Chesnais-Girard, son directeur de campagne, par exemple ? Quant au siège ministériel, il ne faudrait pas deux jours pour lui trouver preneur. Le « chaos en Syrie » est une excuse qui ne trompe pas. Certains députés, comme Bruno Le Roux par exemple, qui a suivi tous les dossiers Défense avec Jean-Yves Le Drian, nʼattendent quʼune chose : son ascension !
Bref, un scénario comme un autre, mais qui commence à faire parler de lui dans les sphères politiques.