Nil Caouissin : « nous ne raisonnons pas uniquement à budget constant »

Nil

Les premiers engagements (lien) de la liste Oui la Bretagne viennent d’être publiés. 500 000 dépliants sont prêts pour la distribution. Le Peuple breton a posé quelques questions à Nil Caouissin, porte-parole de l’UDB et candidat en Ille-et-Vilaine.

Première observation : la langue bretonne est la grande absente de ce document. Comment une liste qui se présente comme la plus attachée à défendre la personnalité de la Bretagne peut-elle publier ses engagements sous-forme monolingue ?

Nous avons eu un débat à ce sujet. Nous aurions bien sûr pu publier un document bilingue. L’inconvénient, c’est toujours la place : le texte est déjà long, et il aurait été difficile de réduire. Nous avons donc préféré éditer un autre document, en breton uniquement. La traduction est en cours. Des vidéos de campagne sont réalisées en français, en breton et en gallo.

Vu l’état des finances du conseil régional, on se demande comment vous financerez certaines mesures : multiplier par 10 le fonds de soutien aux entreprises, exonérer la première année d’enseignement supérieure de frais d’inscription…

C’est bien pour cela que nous ne raisonnons pas uniquement à budget constant ! Les régions sont très mal dotées budgétairement, mais ce n’est pas une raison pour s’interdire de présenter des projets politiques ambitieux. Si nous sommes élus, nous engagerons un rapport de force avec le gouvernement pour faire respecter les promesses de campagne de François Hollande : plus de moyens budgétaires et réglementaires aux régions.

Les pistes existent. On peut par exemple réorienter le CICE : les 20 milliards que le gouvernement accorde chaque année aux entreprises sous forme de crédit d’impôts ne sont même pas ciblés, aucun choix stratégique n’est fait ! Si la part du CICE qui revient aux entreprises bretonnes était reversée aux régions, il serait possible de soutenir celles qui en ont vraiment besoin, et dont les activités sont utiles pour l’avenir de la région. La grande distribution, par exemple, n’a pas besoin d’être aidée par les pouvoirs publics… En revanche la Bretagne a besoin d’accélérer le développement des énergies renouvelables, et de créer une filière industrielle bretonne.

Il y a aussi des injustices à réparer : la région Bretagne est la seule à avoir payé aussi cher sa ligne TGV, alors que cela relève plutôt de l’État puisqu’il s’agit d’une liaison interrégionale. On ne peut pas se contenter du statu quo, Rennes va se retrouver plus proche de Paris que de Quimper ! Il faut que le projet initial soit respecté, en raccourcissant aussi les temps de trajets entre Rennes, Brest, Nantes et Quimper. En renégociant le financement de la LGV nous pourrons dégager des crédits pour remettre en état des infrastructures sous-utilisées, et réouvir la ligne Auray-Saint-Brieuc.

On a entendu Christian Troadec parler de « mauvais bilan » à propos de la dernière mandature du Conseil régional de Bretagne. Ce n’est pas le point de vue de l’UDB…

En effet, c’est une divergence. Compte-tenu de ses compétences et de ses moyens, le Conseil régional n’a pas démérité. Le bilan des élus de l’UDB en témoigne (lien). En revanche il y a bien un mauvais bilan de l’action gouvernementale en Bretagne. Beaucoup de politiques sarkozystes ont été maintenues après 2012. Ceux qui se présentent sous les couleurs du Parti socialiste et des « Républicains » se rendent solidaires de ce bilan qui aggrave les fractures sociales et territoriales.

L’association DIBAB vient d’organiser cinq nouvelles votations et réclame une consultation décisionnelle sur la réunification et l’Assemblée de Bretagne. Comment se positionne la liste Oui la Bretagne ?

Nous y sommes bien sûr favorables. La région peut organiser une consultation. Ce sujet est d’ailleurs mentionné dans les première mesures : « Nous organiserons, si besoin, une votation pour la Bretagne à 5 départements et l’Assemblée de Bretagne fusionnant le Conseil Régional avec les conseils départementaux. »

Pourquoi « si besoin » ?

Une consultation régionale ne serait pas plus décisionnelle que les votations organisées par la plate-forme DIBAB. L’idéal serait une consultation reconnue par l’État, dont le résultat s’appliquerait impérativement. Mais faute d’une consultation décisionnelle, une consultation régionale aiderait à mettre la pression sur l’État.

> Ar Skridaozerezh / La Rédaction

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